Louis Guédet

Mardi 11 juillet 1916

668ème et 666ème jours de bataille et de bombardement

7h1/2 soir  Été à Trigny, parti à 8h ce matin et rentré à 7h où j’ai trouvé tout mon personnel fort agité et émotionné. On venait de subir un fort bombardement. Tout notre quartier et la ville paraissent fort atteints : des victimes, une bombe 2 maisons plus bas qu’ici rue Hincmar. Adèle et Lise ont cru que c’était sur la maison. Heureusement non. A Trigny des troupes. J’ai pu faire ce que j’avais à y faire. J’y ai été par Champigny, Maco, Chalons-sur-Vesle. Tous les bois sont remplis de baraquements. Une ligne de chemin de fer à voie unique mais grande voie, va maintenant de Jonchery vers Hermonville, on la traverse avant d’arriver à Trigny. Je suis fatigué et un peu émotionné. Je vois mon monde révolutionné. Mon Dieu, protégez-nous.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

11 juillet 1916 – A 17 h 45, sifflements et arrivées dans le centre.

Vers 22 heures, le bombardement recommence et les dégâts sont importants rues Ponsardin, du Barbâtre, Gambetta, etc. ; la maison 98, rue Chanzy, est brûlée.

Deux personnes sont tuées rue Saint-Symphorien ; un homme l’est aussi rue des Moulins. Un obus a tué plusieurs soldats au cantonnement « des Longaux » ; d’autres y ont été grièvement blessés et deux soldats encore, ont été mortellement atteints à Sainte-Anne.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

ponsardin


 Cardinal Luçon

Mardi 11 juillet – Nuit de souffrances atroces. Militairement tranquille. Aéros vers le matin. De l0h. à… Duel d’artillerie entre batteries adverses, violent, surtout de notre côté. A 6 h. violent bombardement à gros obus sur la ville.

Nous voyons la fumée d’un incendie derrière la maison Chastin. Descente à la cave, feu au Lycée. Mademoiselle Gobinet tuée au pied du lit de sa mère malade ! Deux soldats tués et nombreux blessés près des Déchets. Trois bombes au Grand Séminaire, jardin ; une à l’ancien Grand Séminaire rue Chanzy, une au petit Lycée avec commencement d’incendie. Mlle Gobinet et la femme de chambre ont été déchiquetées.

Rue du Jard, deux soldats tués, plusieurs blessés à mort. Un petit garçon tué. Bombes rue Jeanne d’Arc, rue du Jard, rue Buirette, au Canal ; une Bureau de Bienfaisance dans la cour. Ces bombes venaient de Berru ou de Nogent. 10 h. à 11 h. 1/2 violent bombardement du côté français. Riposte allemande de quelques gros obus. Incendie chez les Sœurs de l’Espérance (couture) près des 6 Cadrans. Bombardement durant la nuit. Reste de la nuit tranquille. Un obus crève la voûte de la Cathédrale au-dessus des Fonts Baptismaux à 10 h. soir. En tout 11 tués dont 2 soldats, et 29 blessés dont 5 soldats.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mardi 11 juillet

Au sud de la Somme, nous avons réalisé des progrès dans la région comprise entre Biaches et Barleux et aux abords de ce dernier village. Aux lisières de Biaches, nous avons enlevé un fortin, capturant 113 officiers et soldats. Au sud-est de Biaches, nous avons, par une brillante attaque pris la cote 97 qui domine la rivière, ainsi que la ferme de la Maisonnette, située au sommet. Un petit bois, au nord de la Maisonnette, est également tombé entre nos mains.
En Champagne, deux coups de main ont été réussis par nous au sud-est et à l’ouest de Tahure. A l’ouest de la butte du Mesnil, nous avons saisi et organisé sur 500 mètres environ une tranchée allemande.
Au Four-de-Paris, nous avons nettoyé à la grenade une tranchée ennemie.
Sur le front nord de Verdun, l’artillerie ennemie, énergiquement contrebattue par la nôtre, a bombardé avec une extrême violence les régions de Froide-Terre, de Fumin et du bois Fleury.
Nous avons abattu quatre avions allemands sur la Somme.
Les Allemands, après six violentes et coûteuses attaques, ont réussi à pénétrer dans le bois des Trônes (nord de la Somme), mais les Anglais ont pris pied dans le bois de Mametz, à l’ouest; ils ont également progressé à l’est d’Ovillers et de la Boisselle. Ils ont abattu un avion allemand.

Source : La Grande Guerre au jour le jour