Cardinal Luçon

Grand-messe, rue du Couchant ; aéroplanes.

Vêpres et Prières publiques à Sainte-Geneviève, demandées par N.D. Père le Pape Benoît XV dan toute l’Europe et fixées au 7 février (Lettre Pastorale n° 75, page 7 (ou 323)).

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims

Sainte Geneviève
Sainte Geneviève

Eugène Chausson

7 – Dimanche – Temps gris. Le matin, obus en ville (2me canton) pas d’accident de personne. Après midi calme ; à 4 h ça recommence. La nuit a paru assez calme. Quelques coups de canon, comme toujours.

Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918

Voir ce beau carnet sur le site de sa petite-fille Marie-Lise Rochoy


Hortense Juliette Breyer

Dimanche 7 Février 1915.

Ton parrain est parti à Paris. J’en profite pour aller jusque chez tes parents avec notre petite fille. « Restez-y plusieurs jours si vous voulez, me dit Maria, puisque le parrain ne revient que mercredi ». Je ne me le fais pas répété et je m’en vais.

Ton papa est venu me chercher et c’est lui qui porte notre petite crotte. Ta maman a pleuré en la voyant. Elle avait préparé un bon petit dîner, mais tu nous manquais et tu dois penser que le repas ne fut pas gai. Enfin on installa dans la chambre de ta maman un lit-cage qu’André Thumis avait prêté. Je leur en cause du déménagement et je change toutes leurs habitudes. Gaston est obligé de coucher avec ton papa dans la chambre de Juliette et Juliette couche avec ta maman.

Mais je ne pus m’endormir car à la clarté de la veilleuse je voyais ton portrait en grand, le nôtre en mariés et puis toi en soldat ; autant de souvenirs … Je me fourre sous le drap pour que ta maman ne m’entende pas pleurer et comme toujours je me soulage. Pauvre toi, que peux-tu être devenu ? Par quelles misères es-tu passé ? Toutes ces choses me trottent dans la tête, mais je finis quand même par m’endormir.

Ta petite cadette, elle est comme notre André, vois-tu. Ses nuits sont bonnes et elle sera aussi facile à élever que lui. Reviens vite, mon Charles, que nous puissions les gâter tous les deux. Ton coco, tu en seras fou ; il est à croquer.

Je te quitte. Je t’aime. A bientôt.

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL

De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne


Dimanche 7 février

Journée relativement calme. Combats d’artillerie, où nous marquons notre supériorité, en Belgique, dans la vallée de l’Aisne, en Argonne et dans la Woëvre; nous progressons quelque peu en Champagne, au nord de Massiges.
Les informations qui arrivent du Nord prouvent que l’armée britannique a accompli des efforts très utiles dans la région de Béthune-la Bassée, où beaucoup d’Allemands sont tombés entre ses mains.
Les combats entre Russes et Allemands sur la rive gauche de la Vistule ont atteint à un degré extraordinaire de fureur. Les troupes russes qui avaient réussi à s’installer sur la rive gauche de la Bzoura, près de son embouchure, ont repoussé toutes les attaques dirigées contre elle, puis gagné du terrain autour des points conquis. A Borgimoff même, c’est à leur avantage que la bataille a continué, l’ennemi étant affaibli par les effroyables pertes qu’il a subies.
On signale une aggravation de la situation intérieure en Hongrie, en Bohême et en Moravie, où des attentats de toute sorte ont eu lieu.
L’Allemagne a rayé de ses contrôles huit contre-torpilleurs et deux sous-marins dont elle avait essayé de dissimuler la perte.
L’ex-sultan Abdul Hamid, qui connaît bien l’Orient et l’Europe, conseille au gouvernement de Constantinople de signer la paix avec la Triple Entente, s’il ne veut pas voir disparaître la Turquie.
MM. Llyod George et Bark sont partis pour Londres.
Le prix de la bière a augmenté outre-Rhin.

Source : La Grande Guerre au jour le jour