Paul Hess

Hier dimanche, le bombardement a continué.

Aujourd’hui, c’est principalement vers Courlancy et la Maison-Blanche que tombent les obus.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Lundi 8 – Nuit tranquille. Matinée item. Lettre au Frère Supérieur de l’École de Montevidéo (Recueil, p. 35).

Visite aux Caves Mumm, aux réfugiées, et aux soldats.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims

8 – Lundi – Soleil radieux dès le matin, aussi les avions boches circulent en plusieurs endroits au dessus de la ville et on leur fait la chasse à coup de canons spéciaux.

A 11 h 45, il y en avait encore un sur lequel on a tiré quelques coups de canon. A partir de 11 h du matin, violent bombardement qui fit de gros dégâts, à 5 h du soir, le bombardement existe toujours sur les 3e et 4e cantons et les abords de la ville.

Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918

Voir ce beau carnet sur le site de sa petite-fille Marie-Lise Rochoy


Hortense Juliette Breyer

Lundi 8 Février 1915.

Aujourd’hui je suis allée aux caves avec notre coco. Près d’un mois sans le voir. J’ai pleuré en le retrouvant. C’est bizarre : pour si peu de temps, quel changement ! Il semblait changé, jusqu’à sa voix, et je me suis dit tout de suite quel effet cela pourrait te faire quand tu le reverras. Je ne sais pas pourquoi – est-ce parce que j’avais la petite sœur dans mes bras – mais il est parti dans le couloir et il s’est accroupi par terre, la tête dans ses mains.

Si tu savais, quand je l’ai vu dans cette posture, quelle peine cela m’a fait ; je l’ai serré dans mes bras. Il avait de grosses larmes qui ne coulaient pas, et ce n’est pourtant pas la jalousie car il a embrassé sa soeurette.

Je suis triste aussi. Je n’en peux plus.

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL

De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne


Lundi 8 février

Quelques attaques ennemies dans la région de Nieuport : elles ont toutes été repoussées. Les Anglais ont enlevé une briqueterie entre le canal et la route de Béthune à la Bassée à un kilomètre de Guinchy. Les batteries allemandes ont bombardé à Écurie, près d’Arras, la tranchée conquise par nous le 4. Le quartier nord de Soissons a été une fois de plus bombardé; d’autres combats d’artillerie, où nous avons eu d’ailleurs la supériorité ont eu lieu jusqu’à Reims. Une attaque allemande a échoué, en Champagne, au nord de Beauséjour. Diverses canonnades de l’Argonne aux Vosges; dans la région montagneuse, la brume épaisse a quelque peu gêné le tir.
Les Russes qui se maintiennent sur les passes des Carpates et qui, sur plusieurs points, ont même progressé, ont fait venir 100.000 hommes de renfort en Bukovine.
Les neutres se concertent pour établir leur protestation contre la politique navale allemande qui doit s’exercer à dater du 18.
Le prince de Wied, ancien roi d’Albanie est maintenant officier dans un régiment allemand qui opère en Hongrie.
Ricciotti Garibaldi est arrivé à Paris. Accueilli par une foule enthousiaste, il a déclaré que l’opinion italienne était plus que jamais favorable à une coopération armée avec la France.
Les avions autrichiens ont bombardé, à Antivari, mais sans résultat aucun, des transports qui contenaient des vivres et qu’escortaient des croiseurs français.
Les journaux turcs passés sous la férule germanique, racontent des histoires extraordinaires. Guillaume II, converti à la religion musulmane, serait devenu empereur de l’Islam et serait entré dans Paris, où les députés seraient venus embrasser sa main. Dix dreadnoughts anglais auraient été capturés.
Un Alsacien, capturé par les Allemands sous l’uniforme français, a été condamné à mort par le conseil de guerre d’Essen.

Source : La Grande Guerre au jour le jour