Paul Hess

Dimanche 16 septembre 1917- Bombardement et tir de notre artillerie. Journée mouvemen­tée.

— Étant en promenade, rue de Courlancy, dans l’après-midi, je m’étais arrêté auprès de quelques personnes qui suivaient atten­tivement le tir de certaines de nos pièces, sur un aéro ennemi. Celui-ci paraissait de plus en plus serré par les éclatements nom­breux qui finissaient par se produire autour de l’appareil, l’un un peu à gauche, le suivant légèrement en arrière, etc. lorsqu’un cri : Ça y est parti spontanément, persuada facilement le petit groupe que le Taube avait été sérieusement touché. En effet, on le voyait aussitôt tomber ainsi qu’une feuille morte.

La descente dura quelques instants, pendant lesquels les ca­nonniers ne tiraient pas et l’aéro n’était plus qu’à faible hauteur, quand tout à coup se produisit un changement auquel personne ne s’attendait… on le vit simplement filer en hâte vers ses lignes.

Pour les spectateurs, ce fut une véritable surprise de désap­pointement, car la farce avait été bien jouée.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos


Cardinal Luçon

Dimanche 16 – + 14°. Assisté au service pour les soldats enterrés à Gueux, invité par le Général Nudant. Office 9 h 1/2 : messe, allocution, absoute, procession au cimetière, bénédiction des tombes. Dîner chez le Général. 2 h. 1/2, départ pour Champigny. Visite au Général Gaucher, le colosse aux yeux bleus, à l’église, allocution, salut. Visite et collation chez M. le Maire. 5 h. départ pour Saint-Brice. Visite au Colonel. Réception de l’État-major. Visite à M. le Curé à l’église : allocution, Salut. Dîner avec les officiers. Offre et réception de la Fourragère de la Médaille Militaire du 152e, qui avait été remise le 14 juillet 1917 par le Chef de l’Etat au Colonel Barrard ; puis je recevais un diplôme de nomination d’Aumônier honoraire du 152e afin d’appartenir au régiment ce qui était nécessaire pour pouvoir porter la fourragère. On a mis le feu à un avion allemand à Champigny, comme nous y arrivions.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Dimanche 16 septembre

En Champagne, nous avons repoussé deux coups de main ennemis au nord de Prosnes.
Activité assez grande des deux artilleries dans les régions du Cornillet et du mont Blond. Nous avons exécuté avec succès un coup de main sur les tranchées allemandes de la région du mont Haut. Nous avons détruit un observatoire et de nombreux abris et ramené une dizaine de prisonniers.
En Argonne, une tentative de l’ennemi sur nos petits postes vers Boureuilles, à complètement échoué.
Sur la rive droite de la Meuse, après un vif combat, nous avons rejeté l’ennemi de la majeure partie des éléments de tranchée où il avait pénétré au nord du bois des Caurières.
Les Anglais ont légèrement amélioré leur position à l’est de Westhoeck. Un détachement ennemi a attaqué le terrain conquis par eux au nord-est de Saint-Julien. Ce détachement a été dispersé par un barrage d’artillerie.
Les Russes ont continué leurs progrès sur la route de Pskow à Riga et pris quatre villages.
Action d’artillerie de grande intensité dans le Trentin et dans les Alpes Juliennes. Les Italiens ont rectifié leur front dans la zone septentrionale du plateau de Bainsizza. Ils ont capturé des prisonniers. Sur le font du Carso, leurs aviateurs ont bombardé l’arrière des lignes ennemies en lançant trois tonnes de projectiles.

Source : La Grande Guerre au jour le jour