Paul Hess

14 juillet 1917 – Bombardement terrible, toute la journée.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Samedi 14 – + 16°. Nuit tranquille à partir de 11 h. soir. 6 h. 30, bombes sifflent ; des éclats tombent aux environs de nous pendant ma messe et mon action de grâces. Très violent bombardement près de chez nous. Les éclats pleuvent. Avions, tir contre eux. A la Visitation, vers 8 h., un obus défonce la porte, démolit le toit du parloir ; renverse et couvre de plâtras deux Sœurs et M. Lecomte, qui portait en main son déjeuner, ils se croient réciproque­ment tués. Pas de mal grave : des égratignures, pas d’autre mal pour les personnes. 4 obus dans le couvent. Trois incendies en ville ; blessés, rue Hincmar, rue Chanzy, rue des Capucins. De 6 h. 1/2 à huit sur le Faubourg de Laon. C’est un bombardement au hasard sur la ville. Et dire qu’on avoue n’y pouvoir rien(1) ! Quelle humiliation ! Après-midi, long et violent combat à l’est, au sud-est de Reims. En ville, canonnade presque continuelle de part et d’autre. Dégâts effroyables rue Vauthier Le Noir, rue de l’Univer­sité, au Séminaire, au Lycée, rue encombrée de débris. Le soir de 9 h. à 16 h., bombardement violent. Pendant la prière, éclats tombent dans la cour et sur les toits. A partir de 10 ou 11 h. fini pour la ville. La nuit projections direc­tion de Nogent sur la ville. Éclairs de canons. A 3 h., orage peu considéra­ble. Ravages au Boulevard Gerbert : 2000 obus (communiqué officiel).

(1) Rare réaction coléreuse du Cardinal devant l’impuissance reconnue par notre armée à faire cesser les bombardements de Reims.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Boulevards Gerbert et Victor Hugo

Samedi 14 juillet

Lutte assez vive en Champagne et sur le front de l’Aisne dans le secteur du moulin de Laffaux. Des attaques ennemies au sud de Juvincourt ont été aisément repoussées.
Sur les deux rives de la Meuse, dans le secteur de la cote 304 et au nord de l’ouvrage d’Hardaumont, après un violent bombardement, les Allemands ont tenté plusieurs coups de main dont aucun n’a réussi.
Sur le front britannique, le feu de l’artillerie allemande, qui avait atteint une extrême intensité près de Nieuport, est en décroissance. L’artillerie anglaise continue à montrer de l’activité. A la suite d’une attaque ennemie exécutée sur un front de 800 mètres environ, plusieurs postes avancés anglais à l’est de Monchy-le-Preux ont dû rétrograder légèrement.
Échec d’une tentative allemande au nord-ouest de Lens. Échec d’un autre raid allemand près de Lombaertzyde. Combat sur le front belge vers la route de Dixmude à Woumer. Les Allemands ont subi des pertes sérieuses.
Les Italiens ont infligé un échec aux Autrichiens, dans la vallée de Travignolo, à la deuxième cime du Colbricone.
En Macédoine, l’aviation britannique a bombardé la station de Dangista, à 20 kilomètres à l’est de Sérès.
Combats de patrouilles et canonnades sur le front du Vardar.
L’offensive russe a continué sur le Dniester et la Lomnitza. Après un combat acharné et sanglant, l’ennemi a été chassé de la ville de Kalusz.

Source : La guerre 14-18 au jour le jour