Louis Guédet

Mardi 11 mars 1919

1642ème et 1640ème jours

8h1/2 soir  Beau temps. Dérangé par un tas de gens. Touzet est allé rechercher les valeurs à Épernay. Réunion de chambre de discipline ici à 1h. Tous présents, Jolivet, Labitte, Chémery, Peltereau-Villeneuve, Demoulin (Paul Emile Eugène Demoulin, notaire à Vouziers (08) (1876-1962)) et moi.

Jolivet voulait faire nommer un Président, Labitte s’y est opposé parce que pas légal. Bref on a remis cela à une autre fois pour permettre d’étudier la question. Je n’en suis pas fâché car il y avait des chances pour qu’on me colle la corvée ! Aussi ais-je remis toute la gérance à Jolivet, syndic, et demandé que Chémery me remplaçât comme secrétaire adjoint. J’ai fait ma part depuis 4 ans 1/2, aussi je ne veux plus rien savoir. Cela me soulagera un peu.

Parlé du tarif nouveau, qui n’est pas suffisamment rémunérateur. Jolivet a écrit dans ce sens au Procureur de la République. Écrit au directeur de l’Enregistrement pour qu’on signifie au Trésorier de revenir à Reims. Questions diverses. Pour les Études de Reims on est d’avis d’en supprimer au moins la moitié. Je n’ai été libre que vers 6h. Écrit à Gennesseaux pour les dégâts de Guerre de notre Hôtel de la chambre des Notaires.

Lettre de ma femme, qui me dit que Robert est envoyé à l’État-major Général de l’Artillerie à Survilliers (Seine-et-Oise) tout en restant attaché au 288e. Il n’en n’est pas enchanté ! C’est son capitaine qui l’aime beaucoup qui l’a envoyé là. Pourquoi ? Je ne sais !

Courrier à déblayer, valeurs rentrées à classer, actes à revoir, etc…  etc…

Je suis fourbu et je vais me coucher.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Mardi 11 – Visite de M. le Doyen de Bourgogne qui nous remet un Mémoire sur la vie pendant la guerre à Bourgogne, très intéressant.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mardi 11 mars

 

Il a été décidé que les négociations interrompues à Spa avec la délégation allemande au sujet de la remise de la marine marchande et du ravitaillement reprendraient à Bruxelles: C’est l’amiral Weymiss qui les dirigera au nom de l’Entente. Le point de vue des alliés, reste le même. L’Allemagne est tenue de livrer sa flotte commerciale. On consent à la traiter  » humainement  » en lui fournissant des vivres.
Le Comité des Dix a décidé qu’il choisirait lui-même les représentants des Etats à intérêt limité à la commission financière et à la commission économique. Mais il consent à allonger la liste, et, ainsi, l’incident sera clos par un compromis.
Le bruit court que l’Allemagne reviendrait sur l’attitude d’intransigeance qu’elle avait adoptée à Spa, et aussi que des dissentiments se seraient de nouveau produits entre Scheideman et Brackdorff-Rantzau. Les combats, qui ont continué à Berlin, ont été très sanglants. On parle de 1.000 à 1200 morts et blessés. Des tanks et des avions ont participé à la lutte.
M. Venizelos est parti pour Londres.
Le meurtrier d’Eisner, qui est réellement le comte d’Arco Valle, a fait des aveux.
L’Angleterre doit être à la fois agricole et industrielle, déclare M. Auckland Geddes.
Les tableaux pris à Lille par les Allemands commencent à rentrer dans cette ville.

Source : La Grande Guerre au jour le jour