Louis Guédet

Vendredi 28 juin 1918

1386ème et 1384ème jours de bataille et de bombardement

7h matin  Toujours un temps magnifique. La terre est fendue de toutes parts. Les plantes et arbustes s’étiolent et meurent de soif. Je n’ai jamais vu une sécheresse aussi longue. Voilà 2 mois sans une goutte de pluie. Singulière chose, tout semble bouleversé.

6h soir  Courrier assez volumineux. Lettre de Landréat mon greffier qui me confirme la mort du fils de mon confrère Hanrot. Lettre du Procureur de la République me demandant la copie de mon rapport pour les décorations de Landréat et de Dondaine. Lettre de M. Legrand, juge de Paix à Ville-en Tardenois, qui me dit n’avoir eu que juste le temps de partir. Il me raconte la désinvolture et l’incurie notoire des officiers français. Ceux qui logeaient chez mon confrère Colin, notaire de Ville-en-Tardenois, lui affirmaient qu’il n’y avait aucun danger, or les allemands étaient à peine à 8 kilomètres de Ville-en-Tardenois. Une heure après ces galonnards filaient en automobile. Il ajoute mélancoliquement : « Il y aurait de bien tristes pages à écrire sur ce chapitre ! »

Été à Songy. Nos américains sont « alertés » et vont partir incessamment. En tout cas ils étaient bien calmes et tranquilles.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils


Cardinal Luçon

Vendredi 28 – Via Crucis in Ecclesia. Écrit à M. Letourneau une lettre pour la Croix. Publication de la Lettre que m’a écrite M. Clemenceau en réponse à la mienne, par divers journaux ; je n’ai jamais publié la mienne. Ont publie celle du Président du Conseil : Écho de Paris, Petit Parisien, Matin, Action Française.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Vendredi 28 juin

Au nord-est de Montdidier, nous avons exécuté un coup de main au nord du parc de Grivesnes et infligé des pertes à l’ennemi, auquel nous avons fait des prisonniers.
Le nombre des prisonniers capturés par les Américains dans la région des bois Belleau, est de 264, dont 5 officiers.
Nous avons abattu 22 avions ennemis, et incendié 3 drachens. Nos avions de bombardement de nuit et de jour ont jeté 17 tonnes de projectiles sur des terrains d’aviation, des bivouacs, des cantonnements dans la zone du front.
L’aviation britannique a été active, repérant des batteries ennemies et faisant des clichés. Dix avions ennemis ont été abattus et quatre autres contraints d’atterrir, désemparés. Dix tonnes de bombes ont été lancées.
Les aviateurs américains ont bombardé la gare et les voies de Conflans.
Les Italiens, après avoir réoccupé la tête de pont de Caposile, ont soutenu des contre-attaques de nombreuses forces ennemies. Ils ont capturé 8 officiers et 371 soldats. Canonnade sur le reste du front.
Les escadrilles italiennes ont lancé plusieurs tonnes de bombes sur les dépôts de munitions ennemis dans la plaine vénitienne et sur la voie ferrée de Matarella. Sept avions ennemis ont été abattus.
Quelques centaines de prisonniers ont encore été capturés au cours du nettoyage du champ de bataille.

Source : La Grande Guerre au jour le jour