Louise Dény Pierson

4 octobre 1915

A la rentrée d’octobre, les institutrices du groupe Martin-Peller organisent une sorte de cours complémentaire pour les élèves ayant obtenu le certificat d’études.
Je le suivrai environ un an, mais avec des périodes d’absences pour travailler dans les vignes quand l’occasion s’en présentera.

Ce texte a été publié par L'Union L'Ardennais, en accord avec la petite fille de Louise Dény Pierson ainsi que sur une page Facebook dédiée :https://www.facebook.com/louisedenypierson/

 Louis Guédet

Lundi 4 octobre 1915

387ème et 385ème jours de bataille et de bombardement

8h3/4 matin  Nuit à peu près tranquille. Je viens de me lever, je suis bien faible. L’avenir des miens m’inquiète de plus en plus. Je suis désespéré et rien ne vient me donner un peu d’espoir, d’espoir de sortir du malheur, de la misère où je me trouve. Rien ! Rien ! Rien ! Dieu n’est pas juste ?!

6h soir  Vu à nos vins pour les transporter de la rue de Talleyrand dans la cave de Mme Gambart, rue de Chativesle, n°(en blanc, non mentionné). J’ai 3695 bouteilles à caser environ, tant rouges, que blancs, Champagnes et liqueurs, etc…  Je ne croyais pas en avoir autant. A 5 Fr en moyenne (3700 x 5 = 18 500 Fr), c’est assez coquet. Pourvu que je les sauve, ce sera pour nos petits, car moi je n’en boirai pas souvent. J’aimerais mieux le leur conseiller. On commencera demain. Je me ferai transporter environ 150 bouteilles ici pour le temps que je resterai. Ce sera un gros souci de moins pour moi. De 3h1/2 à 5h du soir canonnade terrible vers Souain, Aubérive…  Que se passe-t-il ?

En ce moment (6h1/2) voici nos canons d’ici qui envoient des torpilles. Quel bruit et quels rugissements ! oh ! ils n’en n’ont envoyé que 2. Attendons la suite. En tout cas le canon répond de plus belle toujours vers Aubérive. Est-ce enfin la délivrance…  définitive ?…  Est-elle possible ??? J’en arrive à en douter. Nous avons tellement souffert !

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Paul Hess

Forte canonnade au loin l’après-midi.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Lundi 4 – Nuit tranquille en ville, mais fusillade ou combat à la grenade long et bruyant aux environs de Reims. Messe à Saint-Remi, allocution. Visite à la rue du Ruisselet, avec M. le Doyen. Rentré à 10 h. 1/2 canon­nade très sourde et très violente et très longue à l’Est de Reims.

Visite du Commandant Barrot.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Lundi 4 octobre

Entre Souchez et Givenchy, nous avons repoussé toute une série d’attaques à la grenade. Nous avons ensuite progressé en enlevant un blockhaus et des retranchements au sud du bois de Givenchy.
Bombardement réciproque assez violent au sud de la Somme, aux environs de Beaufort et de Bouchoir.
En Champagne, nous brisons une contre-attaque allemande contre les positions que nous avions conquises au nord de Mesnil.
L’ennemi a bombardé notre arrière-front avec des obus suffocants, particulièrement dans la vallée de la Suippe. Mais notre artillerie, prenant à partie les batteries allemandes, a réduit plusieurs d’entre elles au silence.
Bombardement réciproque dans l’Argonne.
Des attaques ennemies ont été refoulées entre le col de Sainte-Marie et le col du Bonhomme (Vosges).
Nos avions ont opéré au-dessus de la gare, du pont du chemin de fer et des bâtiments militaire de Luxembourg.
Les Anglais ont reconquis dans le Nord, plusieurs éléments de tranchées.
La Bulgarie publie une note pour dire que l’intervention franco-anglaise en Macédoine hâtera l’explosion du conflit.
Une escadrille russe a bombardé Zunguldak dans la mer Noire.
Les Allemands se mettent sur la défen
sive devant Dwinsk.

Source : la Grande Guerre au jour le jour


Lundi 4 octobre 1915, canon­nade très sourde et très violente et très longue à l’Est de Reims.