Louis Guédet

Vendredi 12 octobre 1917

1127ème et 1125ème jours de bataille et de bombardement

2h  Temps affreux. St Martin est bien triste par la pluie. Reçu ce matin lettres de Jean et Robert. Celui-ci nous dit que Jean a la figure toute dépouillée, mais qu’il va bien. Robert nous envoie sa citation qui lui vaut la Croix de Guerre comme son frère Jean. La voici :

Très jeune brigadier faisant fonction de fourrier sur la position. La batterie ayant été très fortement éprouvée le 25 août 1917, a pris très crânement le commandement d’une pièce privée de son chef et a assuré avec compétence la surveillance des tirs à exécuter pour les attaques du 26 août et du 8 septembre 1917 devant Verdun !

Elle est magnifique. J’attends avec impatience celle de Jean (la 2e), j’espère qu’elle sera mieux faite que la première qui était un peu terne, parce qu’on ne pouvait pas dire toutes les raisons qui lui valaient cette 1ère citation. Pauvres petits ! Que Dieu les protège ! Toujours ! Mais que mon Roby doit être content.

4h soir  Toujours pluie battante avec grands vents, on se croirait fin novembre. Maurice rentre de classe, il travaille bien et je crois que M. Thévenot, l’instituteur de St Martin, a une bonne méthode.

Voilà mon repos qui touche à sa fin, et il me faudra reprendre lundi ma vie sous les bombes. En verrai-je jamais la fin. Serons-nous délivrés avant l’hiver ? Je crains bien que non ! Le fameux repli volontaire des allemands devant Reims…  me semble encore une fable inventée à plaisir.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

12 octobre 1917 –  Bombardement, à 17 h.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Vendredi 12 – + 6°. Nuit tranquille. Visite du Général Gaucher et du Colonel de Combarieu, m’apportant photographies de Champigny. Journée tranquille. Copie à la main de la Lettre Collective des Évêques envahis à leurs collègues de France, Espagne, et des deux Amériques. Cette copie manuscrite était pour le Cardinal Gibbons qui devait le 11 novembre prési­der l’assemblée des Évêques des États-Unis à Washington. Via Crucis in Cathedrali, 4 h. 30.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Cardinal Gibbons