Louis Guédet
30 octobre 1917
…Je le cloue en lui disant : « si vous êtes ici dans le foin avoir si si cée moi je viens de Reims qui est sans doute dans votre esprit la zone de l’arrière !!! » (Quelle brute !!) Donc je passe… !… Pandore dit avoir pris racine à l’entrée de Romigny tandis que je continue tranquillement ma route. J’arrive à Olizy (3h de voiture) vers 10h. Je trouve mon monde ou je noue connaissance avec les maîtres de céans. On signe le partage et l’on cause des événements. La mère d’un des héritiers Hédouin est une évacuée de Brimont qui a failli être fusillée le 17 septembre avec sa belle-fille parce qu’elle courait dans les rues de Brimont pour se sauver des bombes et de l’incendie ! Après explication on l’expédia à Chaumont-Porcien avec sa bru et son petit-fils, chez les parents de cette dernière. Celle-ci est encore là-bas avec son enfant, sans nouvelles de son mari qui est mobilisé… Cette vieille dame me disait que ce dont elle avait le plus souffert c’était du manque de nouvelles de France. Elle me confirme tout ce qu’on dit sur la méchanceté, la brutalité, la fourberie, le plaisir de torturer moralement des allemands.
Déjeuner ensuite. Déjeuner plantureux de campagne. Pâté de lapin, pigeons aux petits pois, salade et dessert. Tout cela délicieux. Ces braves gens ne se doutent pas du plaisir qu’ils m’ont fait, et aussi du bonheur qu’ils ont d’être à l’abri du danger. Je les quitte à 2h et reprend la route de Reims. A Romigny Pandore avait disparu, il était déraciné, le Pôvre !! Le long de la route est un vaste camp bondé de troupes. J’arrive à Reims à 5h1/4. Ces 6 heures de voiture m’ont fatigué. Roland mon cocher me demande 40 F pour ce voyage. J’avais un coupé 2 chevaux et n’ai pas eu froid, quoique le matin il ait givré et la bise d’Est était piquante.
En rentrant je trouve peu de courrier, je le règle en quelques instants. La pluie tombe en ce moment assez fortement. Le calme.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
30 octobre 1917 – Après une courte période de calme, pour le centre, des sifflements inattendus se font entendre ce soir, à 21 h, tandis que je commençais à m’endormir.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Mardi 30 – + 1°. Nuit tranquille. Canon français vers 4 h. Beau temps, sans nuages. Visite au Bon-Pasteur, à l’Enfant-Jésus. Bombes vers 9 h. soir ; à 7 h. pluie.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mardi 30 octobre
Au sud-est de Saint-Quentin, nous avons réussi un coup de main qui nous a permis de ramener des prisonniers et une mitrailleuse. Sur le front de l’Aisne, la lutte d’artillerie se poursuit assez vive dans le secteur, au nord de Vaudesson et vers Hurtebise. Nos détachements ont pénétré dans les tranchées allemandes en Argonne et sur la rive gauche de la Meuse et ramené une dizaine de prisonniers.
Sur la rive droite de la Meuse, l’artillerie ennemie a bombardé violemment nos positions sur le front bois Le Chaume-Bezonvaux. Une attaque s’en est suivie. L’ennemi, refoulé par nos feux, n’a pu aborder nos lignes qu’en un seul point, au nord du bois des Caurières, où il a pris pied sur un espace de 500 mètres environ dans nos éléments avancés. Une contre-attaque immédiate de nos troupes nous a rendu la plus grande partie du terrain occupé et nous a permis de faire des prisonniers.
En forêt d’Apremont, une tentative de l’ennemi sur un de nos petits postes, n’a donné aucun résultat.
En Macédoine, activité moyenne de l’artillerie ennemie sur l’ensemble du front, plus vive au nord-ouest de Monastir. Rencontres de patrouilles sur la basse Strouma.
En Estonie, les Allemands ont évacué la presqu’î1e de Werder.
Les troupes italiennes se replient en arrière de Goritzia et de Cividale, selon le plan de l’état-major du général Cadorna.
Guillaume II a offert la succession de Michaelis au comte Hertling.
Source : La Grande Guerre au jour le jour