Louis Guédet

Lundi 29 octobre 1917

1144ème et 1142ème jours de bataille et de bombardement

7h soir  Assez beau temps, toujours le calme. Je commence à voir un peu clair à mon retard. Je suis éreinté. J’ai terminé mon partage Hédouin pour demain, à faire signer à Olizy-Violaine. Je partirai à 7h du matin, pour y être à 10h.

Rien de saillant. Je suis à peine sorti. Reçu lettre de Madeleine qui me donne la 2ème citation de Jean.

La page suivante a été supprimée, la 2ème, citation de Jean, a été recopiée par Madeleine).

La lettre suivante est incluse, elle est écrite sur papier-bible jaune paille.

Mes chers amis,

Je donne l’ordre à M. Chapuis banquier à Reims de tenir à votre disposition 300 F, solde de vos 20 Nord, à leurs bureaux 12, rue de Rougemont à Paris, où vous pourrez toucher cette somme.

Depuis que je vous ai écrit vous m’avez donné bien des émotions !! Figurez-vous qu’un jour passant devant votre porte 31, rue Hincmar, que vois-je ? Boné Deus !! la maison occupée par des officiers !!! Je ne fais qu’un saut, j’entends des explications qui résultent qu’on me fiche à la porte. Çà n’a pas duré longtemps, il était 4h du soir et le lendemain matin à 10h votre maison était vidée et nettoyée, contrôlée, vérifiée, etc…

Bref qu’une alerte, qui m’a permis de faire faire quelques petites réparations à la couverture et casé vos tableaux dans une pièce plus sûre et plus saine !!

Je vous en retiens un pour la peine !! Tudieu ce que j’étais en colère !!

Et les galonnés ont cru ma façon de faire en diable pardon.

Affectueusement
Signature de L. Guédet

Georgin 4, rue de Mazagran Paris

 

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Lundi 29 – + 3°. Nuit tranquille. A 9 h. aéroplanes, tir contre eux. A 1 h., avions français. Visite à l’Orphelinat Rœderer. Canonnade française vers 10 h. soir, et quelques bombes sifflent (sifflantes) en réponse.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Lundi 29 octobre

Au nord de l’Aisne, assez grande activité de l’artillerie dans la région Pinon-Chavignon et vers l’épine de Chevregny.
Les Allemands ont prononcé une forte attaque sur nos positions au nord de la ferme Froidmont. Nos feux ont refoulé les vagues assaillantes qui se sont disloquées, après avoir subi des pertes sérieuses. Une soixantaine de prisonniers, dont un officier, sont restés entre nos mains.
En Argonne, un coup de main ennemi n’a donné aucun résultat.
La lutte d’artillerie se maintient assez vive en Champagne sur la région des Monts.
Les Anglais ont amélioré leurs positions dans la région de la voie ferrée d’Ypres à Roulers. Ils ont attaqué en liaison avec les troupes françaises, traversant le terrain inondé et occupant les postes de la presqu’île de Mercken, dans la région de Luyghen. 1.100 Allemands ont été capturés dans ce secteur. Les Belges ont fait échouer un raid ennemi entrepris contre nos travaux au sud de Dixmude. Dans la presqu’île de Luyghen, opérant de concert avec nous, ils se sont emparés d’un certain nombre de prisonniers, ainsi que d’un abondant matériel, dont 3 minenwerfer. Une patrouille a traversé le lac de Blankaert.
Les Italiens, devant la pression formidable des Austro-Allemands ont replié leur ligne.

Source : La Grande Guerre au jour le jour

Front allemand