Louis Guédet

Lundi 4 juin 1917

994ème et 992ème jours de bataille et de bombardement

5h1/2 soir  Cette nuit réveillé par des bombes qui semblaient assez proches, vers 3h du matin. Rendormi difficilement, et le matin j’étais rompu. Ces insomnies me fatiguent énormément. Travaillé toute la matinée. Reçu lettres diverses auxquelles j’ai répondu. Payen me propose de faire nos audiences de conciliation en matière de réquisitions militaires soit à Épernay ou à Châlons. Je lui demande aux frais de qui et comment je me transporterais de Reims à Épernay ou à Châlons ?  Je l’attends là. Après-midi, été au 104, rue des Capucins avec un agent et le serrurier de la Ville me faire ouvrir la porte de la maison de Melle Léontine Malezet, parent de Redont, pour voir si je trouverais des papiers, valeurs, titres, numéraires, etc…  Rien de tout cela. J’ai fait une description sommaire des meubles, refermé la porte, laissé les clefs au sergent de ville, et rentré pour répondre à ce sujet à Redont. Voilà ma journée, toujours la même monotonie, la même lassitude. Toute la journée j’ai eu l’ouvrier de Minelle-Simon qui m’a remis des toiles huilées à mes 2 fenêtres. Je vais être un peu clos et à l’abri des intempéries, mais cela durera-t-il, un obus ne viendra-t-il pas me déchirer tout cela. C’est toujours l’agonie lente, sans un sourire, une satisfaction…  une lueur de bonheur ou de joie.

7h soir  Ovide Tangre (cocher, né en 1861 à Ventelay) vient me dire que l’on recommençait à piller aux Caves Louis de Bary de la rue Lesage. Rien à faire, les soldats pillards vous lancent des grenades dans les jambes !! L’autorité militaire est au-dessous de tout !…  du reste les officiers profitent éhontément de ces pillages…

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

4-5 et 6 juin 1917 – Bombardements chaque jour.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Lundi 4 – + 15°. Aéroplanes allemands dès le matin : tir contre eux. Visite rue du Faubourg Cérès, maison des Sœurs du Saint-Sauveur, visite du Commandant de Pélacat avec 2 officiers. Expédié au Cardinal Gasparri, lettre et état du clergé pour le prier de faire parvenir à nos prêtres en Arden­nes (201) une modeste allocation de 250 f. chacun ; et pour demander le rapatriement de 4 prêtres du diocèse emmenés captifs en Allemagne. Gros canons français (peut-être de marine) tirent fréquemment, mais non d’une manière continue. Journée chaude et belle ; temps ferme.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173


Lundi 4 juin

Le bombardement ennemi s’est étendu autour de Craonne et a continué pendant la nuit avec une extrême violence sur tout le front des plateaux de Vauclerc et de Californie. Les Allemands ont déclenché cinq attaques successives à gros effectifs dont trois sur la partie est du plateau de Californie et deux sur la partie ouest et sur le plateau de Vauclerc. L’ennemi a été partout repoussé; ses pertes ont été importantes, notamment dans la région est de Californie, où les détachements d’assaut de l’adversaire, disloqués par nos feux, ont laissé un grand nombre de cadavres devant nos tranchées. Un certain nombre de prisonniers sont restés entre nos mains.
Des coups de main ennemis en Champagne, vers Bezonvaux et dans les Vosges, au sud du col de Sainte-Marie, ont échoué.
L’artillerie allemande a bombardé le front belge au nord de Dixmude. Des bombes ont été jetées par nos alliés sur la gare de Wysweewe.
Les troupes britanniques ont attaqué les positions ennemis au Sud de la Souchez. Elles ont effectué une avance satisfaisante et ont fait un certain nombre de prisonniers. Une attaque allemande a été repoussée sur le front de Cherisy. Nos alliés ont réussi un coup de main près d’Ypres.
On dément l’imminence d’une crise ministérielle en Espagne.

Source : La Guerre 1914-1918 au jour le jour