Louis Guédet

Mardi 4 avril 1916

570ème et 568ème jours de bataille et de bombardement

9h soir  Le calme. Journée nuageuse qui a fini en pluie battante. Assez occupé surtout l’après-midi. Été à l’Enregistrement pour différentes successions, séquestres, etc…  On n’arrive à rien et l’administration se garde bien d’aplanir les difficultés !! Enfin c’est le Fisc !! Reçu à 2h1/2 la visite en trombe de Léon de Tassigny et de sa femme qui m’apportaient les papiers, valeurs, or et argenterie d’un nommé Lefèvre-Chemin, qui vient de mourir à La Neuvillette, un des rares qui soit resté dans les ruines de ce village, on l’a enterré la nuit à cause de la proximité de l’ennemi. Puis de Tassigny, comme maire, le Curé et le garde-champêtre se sont emparés du magot enfoui dans les ruines de la maison de Lefebvre, et emmené sa veuve qui est folle et internée à l’Hôtel-Dieu de Reims, en attendant son transfert à Châlons. Bref il me jette cela dans les bras et me dit : « Juge de Paix ou notaire, débrouillez-vous ! » C’est bien du de Tassigny. Nous causons ensuite et j’accepte à aller déjeuner avec eux jeudi. Je mobilise aussitôt Landréat mon greffier pour faire un procès-verbal de description du tout. Je garde les titres de propriété. Les valeurs sont emportées par Landréat qui va toucher les coupons (il y a 6 ans de retard !! ces gens étaient bien négligents) puis consignés le tout à la Caisse des Dépôts et Consignations. Quant à l’or je le convertis en Bons de la Défense nationale. En attendant…

Le bas de la page a été découpé.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Paul Hess

4 avril 1916 – En faisant une tournée matinale pour avoir, si possible, un aperçu des nombreux dégâts, importants par endroits, causés par le violent bombardement d’avant-hier 2 avril, je croise, rue Gam­betta, l’enterrement de la jeune fille de 18 ans qui y a été tuée ce dimanche. Triste spectacle que ce convoi funèbre, en blanc.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Mardi 4 – Nuit tranquille. 8 h. Aéro ; + 10° ; beau temps sans nuages ; dans l’après-midi, pluie.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mardi 4 avril

Entre Soissons et Reims, nous exécutons des tirs de concentration sur les organisations allemandes au nord du bois des Buttes et du mont de Sapigneul.
En Argonne, nos batteries ont violemment canonné la corne ouest du bois d’Avocourt. Un blockhaus ennemi a été détruit et un dépôt de munitions a sauté.
A l’ouest de la Meuse, les Allemands ont lancé une vigoureuse attaque entre Haucourt et Béthincourt sur nos positions de la rive nord du ruisseau de Forges, que nous avions reportées sur la rive sud le 31 mars sans que l’ennemi s’en aperçût. Surprises par un feu violent, les troupes ennemies ont subi des pertes importantes sans avoir combattu.
Bombardement de la région des bois Bourrus.
A l’est de la Meuse, nos contre-attaques se sont développées au cours de la journée. Nous avons rejeté l’ennemi jusqu’à la lisière nord du bois de la Caillette et au nord de l’étang de Vaux. Une dernière contre-attaque nous a permis de réoccuper la partie ouest du village de Vaux.
Canonnade en Woëvre (Moulainville).
Dunkerque a reçu la visite d’un zeppelin. En représailles, trente et un avions alliés ont bombardé les cantonnements allemands en Belgique.
Nos escadrilles ont opéré sur la gare de Conflans. Quatre taubes ont été abattus près de Verdun.
Un troisième raid de zeppelins est signalé sur l’Angleterre.

Source : La Grande Guerre au jour le jour

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