Louis Guédet

Mercredi 13 décembre 1916 

823ème et 821ème jours de bataille et de bombardement

7h soir  Temps gris brumeux, très froid. Je rattrape mon retard. Je pense en avoir terminé demain. De Paris je suis revenu découragé, écœuré de la veulerie de tous ces gens qui tremblent. Ces Parisiens accepteraient la paix avec des coups de pieds au derrière. C’est honteux et dégoûtant. Ils sont si malheureux !! Cette crainte trouble leurs petites habitudes et leurs amusements ou futilités !…  Causé avec divers de l’affaire Goulden, on m’a donné une plaquette de Mt Bonnet, avocat d’Auguste Goulden, cherchant à l’innocenter : c’est faiblard, très faiblard…  S’il n’a que cela comme argumentation devant le 2ème Conseil de Guerre chargé de la révision du premier jugement pour obtenir un acquittement. J‘estime que ce n’est guère probable. Mais quelle campagne !! Après tout il a fait une bêtise par lucre. Eh ! bien ! qu’il paie !

Sorti un peu l’après-midi pour des courses, rien appris. Reçu ce matin visite du Général Cadou, commandant de Place, pour donner un constat d’attestation de perte de valeurs en pays envahis. Causé de choses et d’autres, puis de mon affaire de simple Police du 3 octobre 1916, qui a fait tant de tapage. Il m’approuve entièrement et lui-même m’a dit : « Vous avez parfaitement agi. Colas et Girardot sont 2 brutes !! » Me voilà fixé. En haut lieu on a compris mon geste. C’est tout ce que je désire. Ce que je lui ai dit en ajoutant que je regrettais que ces 2 imbéciles faisaient courir le bruit que j’étais antimilitariste !! avec 2 enfants soldats engagés !!  Volontaires !!!

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

13 décembre 1916 – L’Allemagne déclare faire des offres de paix — mais ne parle pas de conditions.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Mercredi 13 – + 4°. Nuit tranquille. 9 h. bombes sifflent ; 6 tombent quartier S. Remi, dans des maisons, sans victimes. On pense que les Allemands cherchent à repérer notre pièce de marine. Item 2 à 2 h. 1/2 échange de coups entre les deux artilleries. Reçu visite de M. Renaud Gautier (ou Gaucher) de l’avenue de Laon, teinturier, réfugié à Angers. Visite au Fourneau de S. Remi.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mercredi 13 décembre

Dans la région au nord de Lassigny, après un vif bombardement, les Allemands ont attaqué nos tranchées à la lisière est du bois des Loges. Nos tirs de barrage ont disloqué l’attaque. Quelques fractions ennemies, qui avaient pris pied dans nos éléments avancés, en ont été chassées après un combat à la grenade. Notre ligne est entièrement rétablie.

Combat d’artillerie au sud de la Somme, dans les secteurs de Biaches et de la Maisonnette.

Les Anglais ont exécuté avec succès des travaux de mines au sud d’Ypres, aux abords de la redoute Bluff. Activité de l’artillerie et des mortiers de tranchées ennemis en face de Festubert et de Neuve-Chapelle. Un incendie a été observé dans un dépôt de munitions allemand, vers Vimy.

Au nord de l’Ancre, en réponse à des tirs d’artillerie, les Anglais ont bombardé les tranchées de soutien et la zone arrière ennemies.

Sur le front roumain, l’ennemi a attaqué sans succès dans la vallée du Buzeu, au nord de Torislaou, sur la rivière Cricol et à l’ouest de Mizil.

Sur le front russe, l’ennemi a pris l’offensive dans les Carpates boisées. Il a été refoulé. Les Russes se sont emparés d’une hauteur dans la vallée de la Sloueta.

Le chancelier allemand a remis une note aux représentants américain, espagnol et helvétique, en les priant de transmettre aux puissances de l’Entente une offre de paix. Cette offre est partout considérée comme une simple manœuvre.

Le cabinet Briand reconstitué et resserré s’est présenté devant la Chambre des Députés. Il a formé dans son sein un comité de guerre de 5 membres.

MM. Briand et Lloyd George échangent des télégrammes attestant leur volonté de poursuivre la guerre jusqu’à la fin victorieuse.

Des troubles sanglants auraient éclaté à Hambourg.

Le roi de Grèce adresse ses regrets à la France pour le guet-apens d’Athènes.

Source : La guerre au jour le jour

lassigny