Louise Dény Pierson

11 décembre 1916

A l’automne, je reprends quelques cours à l’école, puis je travaille aux caves avec ma mère : surveiller les bouteilles couleuses, coller des étiquettes lorsqu’il y avait des expéditions de champagne à assurer. Pourtant, vers la fin de l’année, il me souvient qu’une nuit mes parents me réveillèrent en sursaut : « Viens voir un zeppelin ».
Le temps de passer manteau et sandales et nous étions dans la rue avec beaucoup de voisins. Je ne vis d’abord que deux grandes lignes lumineuses coupant le ciel en X, puis dans leur croisement j’aperçus qu’ils éclairaient un long cigare blanc très haut dans le ciel et qui semblait se diriger lentement vers Jonchery.
Un projecteur s’éteignit, un autre le remplaça et le cigare disparu derrière les arbres de la montagne au dessus de Rosnay.
Des coups de canon claquaient d’un peu partout, j’étais partagée entre la peur et la curiosité lorsque tout le monde rentra à la maison.

Ce texte a été publié par L'Union L'Ardennais, en accord avec la petite fille de Louise Dény Pierson ainsi que sur une page Facebook dédiée :https://www.facebook.com/louisedenypierson/

 Cardinal Luçon

Lundi 11 – Température 0°. Nuit tranquille, sauf coups de canons contre batteries. Matinée : duel entre batteries et contre avions français. Visite de M. l’abbé Abelé.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Lundi 11 décembre

A l’extrémité sud-est de la butte du Mesnil, les Allemands ont fait jouer deux mines : un combat s’est engagé pour la possession des entonnoirs : ils sont restés entre nos mains.

Un coup de main ennemi dirigé sur l’une de nos tranchées au sud du col de Sainte-Marie (Vosges) a été repoussé.

Dans la nuit du 9 au 10 décembre, un groupe de nos avions a lancé de nombreux projectiles sur les gares et établissements militaires de Matigny, Ham et Mons-en-Chaussée.

Tempête de neige sur le Carso. Progression russe assez sensible dans les Carpates boisées, à la lisière de la Transylvanie.

Les Roumains ont fait une offensive heureuse entre Ploesti et Buzeu, mais dans la Valachie occidentale, l’avance austro-allemande continue et les Bulgares ont franchi à nouveau le Danube.

Le Reichstag a été brusquement convoqué pour le 12, le chancelier devant faire des déclarations. L’Allemagne a repoussé la protestation suisse contre les déportations belges.

Le roi de Grèce poursuit ses rassemblements de troupes autour de la capitale. Le comte Tisza, dans un discours à Budapest, lui promet le concours des empires centraux.

Source : La guerre au jour le jour

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