Louis Guédet

Lundi 20 novembre 1916

800ème et 798ème jours de bataille et de bombardement

8h soir  Je suis arrivé samedi soir à St Martin avec un retard de 2h par une pluie battante et une tempête terrible. Le baromètre était descendu à 71° (sur certains baromètres, il marquait 6h !!). Vu Jean, passé la journée du dimanche au milieu des miens. Jean va bien, un peu triste, il doit être fatigué. Reparti de St Martin ce matin à 7h. Voyagé de Vitry-la-Ville à Dormans avec M. de Riocourt (David du Bois de Riocourt (né en 1845 et décédé le 22 avril 1931 au château de Vitry-la-Ville)) (déposé André à Châlons), et causé avec lui de Reims, du Dr Langlet et du Docteur Lévêque (beau-frère du Dr Langlet, médecin à Tony-aux-Bœufs), il a les mêmes opinions que moi sur eux. Il a été fort aimable avec moi. A Dormans voyage avec Mme Armand Walfard que j’ai déposée chez elle rue de Courlancy. Elle venait de sa ferme du Mont de Somme Vesle, « l’Étang » (appartient en 2018 à un descendant Walfard), qui vient d’être totalement incendiée par suite de l’imprudence de nos troupes, la maison d’habitation est heureusement sauvée. Comme moi elle déplore la conduite de nos dirigeants militaires de Reims. Rentré et mis au travail pour rattraper mon courrier.

Mon vieil ami N. Thomas, avoué à Paris m’annonce la mort de Jean Laignier (Jean Laignier, né en 1896, aspirant au 409ème RI, tué à Ablaincourt dans la Somme le 12 octobre 1916), le fils de Gabriel Laignier (1849-1923), mon ancien avoué correspondant à Reims, tué dans la Somme. Il était de l’âge de mon grand Jean. Pourvu que je n’ai jamais à subir semblable épreuve avec mes 2 grands Jean et Robert. André que j’avais pris en passant à Châlons était enchanté de retrouver Maurice dont la joie de revoir son frère était touchante. André et Maurice sont inséparables comme l’étaient et le sont Jean et Robert. Les pauvres grands sont bien séparés maintenant… !! Demain je terminerai mon retard et je verrai à organiser mon voyage à Paris pour le 7 au 10 décembre. Je suis fatigué de ce voyage, c’est tellement long autant en chemin de fer qu’en voiture.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Lundi 20 – Nuit tranquille. A midi + 10°. Matinée silencieuse. Visite de M. Guiller*, de Laval. Aumônier du 403e. Visite à Pouvroir ; 14 rue Cazin et aux deux Tertiaires Carmélites. Journée silencieuse. Visite de M. Trilher*, aumônier militaire, et de M. l’abbé Guiller, de Laval.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
* Pas de trace de Trilher dans le LO du Clergé. Henri Louis Marie Paul Trilles, missionnaires du Saint-Esprit, aumonier au 410e RI – 151e DI comme le 293e RI
La 151 DI du 21 août 1916 – 18 février 1917 : occupe un secteur vers les Cavaliers de Courcy et les abords est de Reims. (Thierry Collet)
*Henri Guiller, diocèse de Paris, né le 12 sept 1897 à St Denis D’Anjou, Mayenne, vicaire à Juvigné, vicaire à Notre Dame de Lourdes à Paris. aumônier bénévole au 293e RI – 151e DI (20 sept 1916) blessé à Thiaumont (1er juin 1916), aumônier bénévole au 407e RI – 151e RI (1er dec 1917) Source : Livre d’Or du Clergé et des Congrégations, Paris, Bonne Presse, 1925. (Thierry Collet)

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Lundi 20 novembre

Bombardement violent du fort et de la région de Douaumont. Sur le front belge, vive lutte à coups de bombes dans la région de Steenstraete et de Boesinghe. L’activité d’artillerie se ralentit. Les troupes britanniques ont porté à 750 depuis deux jours le total de leurs prisonniers sur l’Ancre. Les Italiens ont repoussé une série d’attaques autrichiennes très violentes dans plusieurs secteurs du front du Trentin. Les Roumains ont brisé une attaque dans la vallée de la Prahova. Dans la région de Dragoslavele, ils ont continué à avancer en faisant 4 officiers et 80 soldats prisonniers et en capturant 3 canons. Les combats continuent avec violence dans les vallées de l’Olt, du Jiul et du Gilort. Feu ralenti d’artillerie et d’infanterie sur le Danube et en Dobroudja. Sur le front d’Orient, les troupes alliées sont entrées dans Monastir, qui avait été préalablement évacuée par les Germano-Bulgares. Le chemin de fer de la presqu’île mourmane a été inauguré. Il doit faciliter l’approvisionnement de la Russie en munitions. La Hollande a protesté à Berlin contre les déportations belges.

Source : La guerre au jour le jour