Louis Guédet
Vendredi 30 novembre 1917
1176ème et 1174ème jours de bataille et de bombardement
6h1/2 soir La nuit a été tranquille. Toujours même temps gris nuageux, peu froid, maussade et triste. Journée fort remplie et exténuante. Vu en courant le sous-Préfet. Fait mon courrier qui était formidable avec toutes les pièces que m’envoyaient mes 2 greffiers de Paix, Landréat et Dondaine toujours aussi dévoués. Bref j’ai été bousculé toute la journée. 4 souscriptions, dont celle du Consul d’Italie de Reims, pour sa fille Rita Mazzuchi. Tant en bons (2 000 F) qu’en numéraires (18 000 F). J’ai 20 000 F de souscrit. Arriverais-je à 30 000 F ? Je fais pour le mieux. Reçu lettre de ma chère femme, tous les enfants vont bien. Robert n’est pas encore guéri de son pied, son capitaine veut l’envoyer à l’échelon se reposer et en finir. Rien d’autre de saillant, sauf des personnes embêtantes qui ne veulent pas comprendre ni suivre les conseils désintéressés qu’on leur donne. J’en ai secoué une d’importance, Madame Guérin-Champenois, rue Havé, une cruche et méfiante en diable, et geignarde !! Elle pleurait comme un veau, mais cela m’est égal, je l’ai décidée à ne pas faire une bêtise. Il est vrai qu’elle est tellement bête qu’elle ne les compte plus.
Vu curé de Trigny, l’abbé Galichet (Louis) qui m’a souscrit 100 F de rente. C’est un boursicotier, il fait des économies, vieux ratichon, va ! Brave homme dans le fond, mais il aime bien les écus.
Vu l’abbé Camu, curé de la Cathédrale, vicaire Général, mais nos vies sont si monotones qu’on n’a rien à se dire. Voilà toute ma journée, et il me semble que je n’ai rien fait et je suis exténué. Je ne suis plus fort.
Tout l’après-midi des avions et des tirs contre eux fort agaçants.
1er décembre demain, le 40e mois de notre long martyr, et quand cela finira-t-il, on ne sait, que gâchis sur gâchis, et aucune solution !! C’est à désespérer de tout, et quoiqu’on dise les allemands triomphent et nous tiennent. Quand donc arrivera le jour où enfin nous les briserons. Je ne parle pas des Russes et de la Russie qui ne compte plus. Si cependant ils avaient tenus, la Guerre serait finie, ou tout au moins bien prêt de finir, hélas ! Tout cela est navrant, décourageant.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
30 novembre 1917 – Nuit ni plus ni moins mouvementée que les autres.
A 17 h, forte canonnade vers Brimont ; il s’agissait d’un coup de main allemand sur Loivre.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Vendredi 30 – Retour à Reims ; départ de Paris 8 h., arrivée à Épernay 10 h. 30 ; à Reims à 11 h. 45. Visite d’un soldat d’Évreux. Visite de M. Abelé (celui des fils Abelé qui est marié). Via Crucis in Cathedrali.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Vendredi 30 novembre
Actions d’artillerie au nord de l’Aisne et dans la région de Sapigneul.
En Champagne, au nord du Cornillet, l’ennemi a tenté, à l’aide de gros effectifs, un coup de main qu’il avait fait précéder d’un bombardement rapide et violent; nous l’avons repoussé en lui infligeant de lourdes pertes.
En Argonne, une incursion dans les lignes allemandes, à l’ouest de l’Aire, nous a permis de ramener une dizaine de prisonniers.
Deux coups de main ennemis, l’un sur la rive gauche de la Meuse, dans la région de Béthincourt, l’autre sur la rive droite, au nord-ouest de Vaux-les-Damloup, ont complètement échoué.
Les Anglais ont repoussé une attaque allemande sur les positions belges de Aschhoop. Ils ont fait quelques prisonniers au sud de la Scarpe. Ils ont avancé leur ligne à l’est du bois de Bourlon et repoussé un coup de main vers Avion.
En Macédoine, la lutte d’artillerie a repris avec une grande activité sur l’ensemble du front et spécialement dans la région de Monastir.
Le tir de nos batteries a provoqué une explosion dans les lignes ennemies.
L’aviation britannique a bombardé Drama et les campements ennemis aux environs de Sérès et de Petric.
Sur le front italien, les Autrichiens essaient vainement de franchir la basse Piave.
Source : La Grande Guerre au jour le jour