Louis Guédet

Samedi 26 août 1916

714ème et 712ème jours de bataille et de bombardement

7h soir  Orage toute la nuit dernière, temps orageux avec ondées. Aujourd’hui du soleil, la température s’est un peu rafraîchie. Rien. Caisse d’Épargne ce matin, ouverture de mon 53ème coffre-fort, cette fois au Crédit Lyonnais, et il…  n’y avait rien dedans !!!

Têtes des héritiers et du clerc de Mt Faupin avoué qui avait fait une vraie procédure pour arriver à ce résultat. C’est plutôt amusant.

Lundi je recommence sur le 54ème cambriolage de coffre, encore au Crédit Lyonnais. Espérons que cette fois nous trouverons quelque chose dedans ! Après-midi écrit et fait quelques courses. Quelques obus vers 4/5 h du soir. Vu le Commandant Lallier qui est convaincu que nous passerons encore l’hiver sous les bombes !! Que le Diable l’emporte ce prophète de malheur, on dirait vraiment que cela leur ferait plaisir… !!…

Tout à l’heure je causais au Greffe civil avec Jonval, secrétaire du juge d’Instruction attaché au Parquet, il était d’avis que tous les Rémois qui avaient une situation prépondérante ou officielle auraient dû rester à Reims. En cela j’étais nécessairement de son avis puisque j’avais agis en conséquence et je lui ajoutais, après avoir parlé des dangers que j’avais courus et notamment comme otage. « Peu importe qu’un homme, une individualité disparaisse ou soit fusillée. Du jour où cet Homme ou cette individualité a rendu service à la collectivité ou l’a sauvé d’un malheur ou d’un désastre, il a rempli son devoir et a payé sa dette à la Patrie. Ceux qui ne pensent et n’agissent pas ainsi manquent à tous leurs devoirs et commettent une lâcheté, une trahison, une félonerie ! Alors de me répondre : « Oui, vous avez fait cela, mais eux…  ils n’ont pensé qu’à sauver leur peau ! » – « J’aime mieux ma place devant l’opinion publique que la leur » lui ai-je répondu. Nous nous sommes quittés sur ces mots en nous serrant la main. Il m’avait compris. Nous nous comprenons…

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Samedi 26 – Nuit tranquille à Reims ; canonnade lourde très au loin. Projections allemandes toute la nuit. A 8 h. canon français extraordinairement puissant. Visite du Général de la Division. Gros canons français vers 6 h. 1/2, pas de réponse allemande.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Samedi 26 août

Sur le front de la Somme, nous avons poursuivi nos tirs d’artillerie sur les organisations allemandes. Le chiffre de nos prisonniers atteint maintenant 600. Huit nouvelles mitrailleuses ont été retrouvées dans la partie de Maurepas que nous avons enlevée.
Au sud-est de Saint-Mihiel, une tentative allemande sur la croix Saint-Jean, a été arrêtée par nos feux. Une autre attaque sur nos positions du bois d’Ailly a également échoué.
Les troupes anglaises sont arrivées à la hauteur de celles des nôtres qui ont réalisé l’avance sur le village de Maurepas. A la suite d’un violent combat, elles ont progressé de part et d’autre de la route de Longueval-Flers. Cette opération leur a valu 187 prisonniers dont 8 officiers. Elles ont également avancé dans le secteur de Thiepval, faisant 105 prisonniers. Elles ont réussi des coups de main heureux au nord de Neuville-Saint-Vaast, près d’Hulluch et d’Aubers.
Sur le front d’Orient, des détachements anglais ont remonté la rivière Augista et fait sauter des ponts. Cavalla et Doiran n’ont pas été attaquées par les Bulgares.
Fusillade sur la Strouma. Les troupes serbes ont progressé dans la région de Kukurus. Elles ont fait plusieurs centaines de prisonniers au nord-ouest du lac d’Ostrovo.

Source : La Grande Guerre au jour le jour


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