Paul Hess

26 octobre 1917 – A 13 h 1/2, visité intérieurement la cathédrale.

Huart, gardien de la cathédrale, qui a affaire périodique­ment dans notre bureau de la « comptabilité », et à qui les collègues avaient déjà manifesté le désir de voir l’intérieur de la cathédrale, nous avait donné rendez-vous aujourd’hui, à 13 h 1/2, pour nous ouvrir la porte et nous conduire.

Pour la troisième fois — car l’abbé Divoir m’y a fait entrer précédemment — je vois un spectacle navrant, absolument la­mentable.

A l’intérieur, aussi bien qu’à l’extérieur, tout l’édifice a consi­dérablement souffert des graves meurtrissures que lui ont fait, depuis plus de trois ans, les projectiles allemands — surtout en avril dernier, les gros calibres, 210 et 305.

Les voûtes sont crevées maintenant en huit ou dix endroits, le maître-autel a disparu sous un amoncellement de pierres, de débris de matériaux. La contemplation de tels ravages est profondément attristante.

Vu l’obus de 305 non éclaté après être tombé à droite de la grande nef et dévissé le 28 avril dernier par le chauffeur de la Recette municipale.

Ainsi qu’il a l’habitude de le faire sans doute, vis-à-vis des personnages qu’il est appelé à guider de temps en temps, M. Huart nous présente un registre portant les signatures de R. Poincaré ; Bernadine Machado ; Barthou ; Dr Langlet et de nombre de nota­bilités françaises et étrangères, sur lequel il nous invite à apposer les nôtres. Nous déclinons naturellement ce grand honneur, mais sur ses instances, nous nous exécutons, sur le haut du verso d’un feuillet.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Monsieur Huart, gardien de la cathédrale. Autochrome de Paul Castelnau (mars 1917)
L'intérieur de la cathédrale
L’intérieur de la cathédrale

Cardinal Luçon

Vendredi 26 – + 3°. Nuit tranquille à Reims. Canonnade violente à l’ouest, spécialement de 8 h. à 9 h. soir. A 4 h. 30, Via Crucis in Cathedrali.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Vendredi 26 octobre

Au nord de l’Aisne, la situation dans la section Braye-en-Laonnois-Chavignon est restée sans changement.
Sur le front Chavignon-mont des Singes, nos troupes accentuant leur progression ont atteint la ferme de Rozay. Le nombre des prisonniers faits depuis là veille dans cette région dépasse 500.
Vives actions d’artillerie dans la région Cerny-en-Laonnois, notamment dans le secteur des Vauxmairons. Nous avons dispersé une patrouille allemande qui tentait d’aborder nos lignes à l’est de Cerny.
Au cours de la journée du 24, vingt-cinq appareils ennemis ont été abattus par nos pilotes ou sont tombés désemparés dans leurs lignes. Des avions allemands ont lancé deux bombes sur Nancy : aucune victime.
A la suite d’une activité redoublée d’artillerie, les Allemands ont lancé une nouvelle contre-attaque puissante au sud de la forêt d’Houthulst. Ils ont été encore une fois repoussés par les Anglais. Les troupes de Glocester, de Worcester et de Berkshire ont exécuté avec succès des coups de main sur les positions adverses, entre Roeux et Gavrelle. Elles ont capturé une mitrailleuse.
Les Austro-Allemands n’ont réussi à prendre pied que sur une très faible partie de la première ligne italienne sur le front du Carso. Partout ailleurs, ils sont en échec. Nos alliés ont fait quelques centaines de prisonniers.

Source : La Grande Guerre au jour le jour