Louis Guédet

Dimanche 23 juillet 1916

680ème et 678ème jours de bataille et de bombardement

7h soir  Beau temps, quoique brumeux et lourd. Calme. Rien de bien saillant. Sorti vers 3h porter une lettre à la clinique Mencière, rue de Courlancy, où était ce pauvre ami Maurice Mareschal. Je n’ai pas eu le courage d’entrer ! J’ai remis ma lettre pour l’abbé Béguin et M. Moisy, qui est infirmier là avec lui. De là passé jusqu’à Roederer voir la Mère Supérieure toujours bien affectueuse pour moi. Elle me comprend parfaitement et blâme leur attitude à mon égard. Rentré ici et quelques moments après reçu visite de Charles Heidsieck de retour de sa saison à Dax. Causé de maintes choses, du rejet de ma requête en mainlevée Schulz qu’il déplore comme moi suite à l’affaire Goulden, etc…  son fils Georges, à peine remis, vient de repartir sur le Front, il ne sait où. Il a la Croix de Guerre bien entendu. Voilà ma journée, lourde à tirer. Pas de nouvelles de nos aimés. Pourvu qu’ils n’aient rien. Je suis si nerveux en ce moment, si impressionnable qu’un rien m’inquiète et me tourmente. Je m’affaiblis de plus en plus. Non ! je succomberai, si nous sommes obligés de passer encore un hiver dans la même situation. Je le crains fort ! hélas !!…

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Dimanche 23 – Visite du P. Salvien, de Mgr Odelun.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Dimanche 23 juillet

Entre Oise et Aisne, nous avons dispersé une forte reconnaissance allemande dans la région de Moulin-sous-Touvent.
En Argonne, nous avons fait jouer une mine à Bolante, dans de bonnes conditions.
A la Fille-Morte, un coup de main de l’ennemi sur un de nos petits postes a été repoussé.
Sur la rive droite de la Meuse, violent bombardement des secteurs de Fleury et du bois Fumin. Une attaque ennemie, dirigée sur une de nos tranchées au sud de Damloup a échoué sous nos feux. De notre côté, nous avons fait soixante-dix prisonniers près de Fleury.
Dans les Vosges, après un vif bombardement, les Allemands ont attaqué nos positions au nord de Saint-Dié: ils ont été repoussés avec de fortes pertes.
Une de nos escadrilles a bombardé à trois reprises la gare de Metz-Sablons. 115 obus de gros calibre ont été lancés au total, en faisant d’importants dégâts. Un avion allemand a été abattu. Belfort a été bombardé à deux reprises par avions.
Aucun incident important n’a été signalé sur le front britannique. Nos alliés ont détruit six avions allemands et en ont forcé plusieurs autres à atterrir.
Les Italiens ont réalisé des avances et fait des prisonniers dans la région des Dolomites.
Les Russes ont enlevé Beretchko et capturé 300 officiers et 12000 soldats austro-allemands.

Source : La Grande Guerre au jour le jour


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