Louis Guédet

Samedi 17 juin 1916

644ème et 642ème jours de bataille et de bombardement

6h1/4 soir  Le temps parait vouloir se gâter, orageux. Canon toute la nuit et avions toute la journée, avec des éclaboussures de-ci de-là des obus non éclatés lancés contre leur engin viennent éclater dans les rues. Quelques victimes de ce fait. Occupé toute la matinée, à 2h été jusqu’à la rue Ernest Renan près de l’Usine Laval voir une vieille cliente. Les rues sont de ce côté barrées par des fils de fer barbelés, on est obligé de longer les murs pour passer. Repassé ensuite chez mon greffier Landréat, 59, boulevard de la République pour lui signer une centaine de certificats d’indigences pour le Percepteur, puis chez Ravaud causé un peu et rentré. Passé au vieux Palais au Greffe civil. On parle en ville beaucoup de l’affaire Goulden…  on réclame ni plus ni moins qu’on le fusille comme espion ! Imprudent et imbécile par lucre oui, espion non si je ne puis le croire. Sale affaire. Le pauvre garçon me paraissait…

Le bas de la page a été découpé.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Samedi 17 – Nuit tranquille sauf quelques gros coups de canon vers 9 h. + 7°. Aéroplane vers 7 h. (… ) tirs contre lui. Bombes sifflantes. Tir contre aéroplanes toute la matinée. Après-midi, visite de la Reine Amélie de Por­tugal, fille du Comte de Paris, sœur du Duc d’Orléans, sous le nom de Marguerite de Villaviciosa, accompagnée de M. le Comte de Vogué, et de deux autres Messieurs, dont un lieutenant délégué par le Ministre des Af­faires Étrangères près de la Place de Reims pour la réception des Étrangers ». A partir de 4 h. aéroplanes, tir contre eux jusqu’à 8 h. avec interrup­tions. Soir vers 9 h. gros canons.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Samedi 17 juin

Sur la rive gauche de la Meuse, les Allemands ont lancé plusieurs contre-attaques sur les tranchées des pentes sud du Mort-Homme, conquises par nous. Toutes ces tentatives ont échoué sous nos feux. Nous avons fait, au total, 200 prisonniers dont 6 officiers.
Sur la rive droite, l’ennemi a dirigé une puissante action offensive contre nos positions au nord de l’ouvrage de Thiaumont, depuis la cote 304 jusqu’aux abords de la cote 310. Nos feux de mitrailleuses et d’artillerie ont brisé successivement toutes les attaques qui ont coûté des pertes élevées aux assaillants.
Plus à l’est, les Allemands, après un violent bombardement ont tenté une attaque sur nos tranchées à la lisière sud du bois de la Caillette. Nos tirs ont empêché l’ennemi de sortir de ses propres tranchées.
La canonnade s’accentue sur le front de Macédoine.
Les Russes ont pris 100 officiers et 14.000 soldats. Leurs nouveaux succès ont été particulièrement marqués dans la région au nord et au sud de Loutsk.
Les Italiens ont infligé deux sanglants échecs aux autrichiens au Coni Zugna (vallée de l’Adige) et au plateau d’Asiago.
M. Wilson a été proclamé candidat démocrate à la présidence des Etats-Unis et M. Marshall, candidat à la vice-présidence, par la convention de Saint-Louis.

Source : La Grande Guerre au jour le jour


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