Louis Guédet
Dimanche 18 juin 1916
645ème et 643ème jours de bataille et de bombardement
5h1/2 soir Temps couvert, mais qui s’est éclairci à la fin de l’après-midi. Rien de saillant. En ce moment des avions. Messe de 8h rue du Couchant. Vu Dargent, Curt, parlé de l’affaire Goulden, on ne sait lequel croire, heureusement que je suis fixé là-dessus. Henri Abelé vers 9h1/2 m’a invité à déjeuner pour jeudi. Son fils Joseph est à Verdun. Curt m’a dit que M. Lorin était inquiet pour son fils Marcel qui était aussi à Verdun et dont il n’a pas de nouvelles depuis 8 jours. Il parait que cette 52ème Division a été écharpée, on parle de 50% de pertes. Pourvu qu’il ne soit rien arrivé à cet enfant. M. Abelé me disait qu’il n’était revenu du 291ème de ligne que 900 hommes. Le colonel est fou, à la suite de l’ébranlement survenu. On dit que la 52ème Division aurait été engagée trop tôt. Été me promener vers 4h et rentré une heure après. Voilà encore une triste journée passée. Écrit pas mal de lettres.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Dimanche 18 – + 10°. Nuit tranquille. Confirmation aux Caves Chaumet, St-André. Aéroplanes français de 5 à 7 h. 1/2, tir contre eux. Mgr Neveux confirme à Ste-Geneviève.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Dimanche 18 juin
En Belgique, duel d’artillerie assez intense au cours de la nuit dans le secteur de Lombaertzyde.
Sur la rive gauche de la Meuse, bombardement continu de nos premières lignes à la cote 304 et de nos deuxièmes lignes dans la région de Chattancourt. Une attaque à la grenade sur la redoute d’Avocourt et sur nos postes avancés à l’ouest de la cote 304 a été repoussée.
Sur la rive droite, une attaque de nos troupes sur les positions allemandes au nord de la cote 321, nous a permis d’enlever quelques éléments de tranchées et de faire une trentaine de prisonniers. Violente lutte d’artillerie dans le secteur sud du fort de Vaux.
Combat de grenades en forêt d’Apremont. Nous bombardons les camps et organisations des Allemands à Montsec (est de Saint-Mihiel). Une de nos pièces à longue portée a tiré sur la gare de Vigneulles-lès-Hattonchâtel, où un incendie s’est déclaré.
Dans les Vosges, un coup de main à l’est de Thann nous a permis de ramener des prisonniers, sans pertes pour nous.
Bar-le-Duc a été bombardé à deux reprises par des avions ennemis : 4 morts et des blessés. Des avions ont bombardé aussi Pont-à-Mousson, mais sans résultat. Nous avons jeté 33 obus sur les gares de Longuyon, Montmédy, Audun-le-Roman.
Les Russes ont fait 1300 prisonniers et enlevé Radsivillof, près de la frontière galicienne.
Source : La Grande Guerre au jour le jour