Abbé Rémi Thinot

27 FEVRlER – samedi –

Suis allé déjeuner avec le colonel Perié d’Hauterive[1], du 83ème, dans la tranchée, au poste de commandement. Le lieutenant Deltheil, commandant une section de mitrailleuses, m’a conduit après déjeuner faire un grand tour dans les tranchées, au-delà de la Corne du Bois, près de Perthes.

J’ai assisté, de là, à une attaque de la 33ème division, ou plutôt aux rafales d’artillerie qui la préparait. C’était atroce ; la suie des percutants se mêlait à la neige et au chrome des fusants. Un tourbillon de fumées bouillonnantes, puis enchevêtrées, puis échevelées… dans lequel des flammes éclataient…

Des cadavres partout. Et vraiment beaucoup de négligence dans leur ensevelissement…

Les tranchées, dans ces régions, ont été recreusées jusqu’à 2 et 3 fois, l’artillerie ayant soulevé des chaos véritables. On croirait à un tremblement de terre ! Perthes est une ruine.

[1] Colonel Perier d’Hauterive qui a remplacé le Colonel BRETON, est chargé de diriger les attaques de son Régiment sur les tranchées du bois 211.

Extrait des notes de guerre de l'abbé Rémi Thinot. [1874-1915] tapuscrit de 194 pages prêté à Reims

Louis Guédet

Samedi 27 février 1915

168ème et 166ème jours de bataille et de bombardement

7h1/2 soir  Journée grise, morose. Bombardement à 6h du matin. Terminé à cet instant la requête Louis de Bary, notoriété Cama, correspondance et la journée s’est terminée ainsi, on est découragé.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

Nuit assez calme, en ce qui concerne le bombardement. Canonnade de notre part.

– Vu l’imprimerie de l’Éclaireur de l’Est, démolie en partie par un nouvel obus, dans la journée d’hier.

Aujourd’hui, le bombardement a recommencé comme ces jours derniers.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Samedi 27 – Malade ; amélioration légère.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Samedi 27 février

Progrès de l’armée belge, près de Nieuport et de l’armée britannique, près de la Bassée. Dans la vallée de l’Aisne, nous réduisons au silence l’artillerie allemande. En Champagne, nous accentuons notre avance dans la région de Perthes, le Mesnil, Tahure, jusqu’à la crête des Hauteurs; dans la vallée de la Meuse, nous détruisons des rassemblements ennemis. Dans la forêt d’Apremont, les Allemands sont chassés de plusieurs de leurs abris.
Les Russes accusent des succès à Bolimow, à l’ouest de Varovie et dans les Carpates et reprennent l’offensive en Bukovine.
Quatre forts de l’entrée des Dardanenelles sont détruits.
Trois taubes out été abattus par nos soldats, l’un à Noeux-les-Mines, le second à Lunéville, le troisième à Largitzen près de la frontière Suisse. Un zeppelin a été détruit à Pola.

 Source : La Grande Guerre au jour le jour