Louis Guédet

Au Vendredi 7 janvier 1915 482ème et 480ème jours de bataille et de bombardement

A St Martin

8h soir  Rentré très triste de St Martin. Je suis désemparé. Bien des choses à dire et à causer. C’est la fébrilité ordinaire. Je verrais à voir tout cela demain ou dimanche si j’en ai le temps. En arrivant ici j’apprends qu’on craint les gaz asphyxiants et la Ville aurait déjà distribué plus de 12 000 masques !…  On fait toujours autour de Reims des tranchées et des travaux. Qu’est-ce que tout cela veut bien dire ! Pluie torrentielle depuis que je suis arrivé, c’est-à-dire depuis 3h1/2. Fait route de Dormans à Pargny avec M. Demaison, causerie très agréable. Je reprendrai cela demain. Je suis fatigué et fort découragé. Ma pauvre femme, mes pauvres enfants.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Cardinal Luçon

Vendredi 7 – Nuit tranquille ; matinée calme. Via Crucis in cathedrali ; + 10 degrés.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Vendredi 7 janvier

En Belgique, nous avons canonné avec succès les organisations défensives de l’ennemie, notamment dans les régions de Steensstraete, Hetsas et Boesinghe.
En Artois, nos batteries ont canonné la gare de Boisleux-au-Mont (sud d’Arras), au moment du passage d’un train. Aux abords de la route de Lille, l’ennemi a fait sauter une mine dont il n’a pu occuper l’entonnoir.
Entre Oise et Aisne, nous avons pris sous notre feu des patrouilles ennemies et des travailleurs occupés à réparer les tranchées.
En Champagne, au cours d’un bombardement intense exécuté par notre artillerie sur les tranchées allemandes, au nord de la ferme Navarin, nous avons détruit tout un matériel d’attaque par les gaz. Plusieurs explosions ont eu lieu.

Les Russes ont fait 1000 prisonniers à nouveau en Galicie.
Des avions autrichiens qui menaçaient Vérone ont dû renoncer à leur raid.
La France fait une avance de 10 millions à la Grèce.
Le roi de Bulgarie songe à se proclamer tsar de Macédoine.
Le congrès travailliste anglais a rejeté le service obligatoire aux deux tiers des voix, mais à la Chambre des Communes la plupart des orateurs se prononcent en faveur de ce système.

Source :La Grande Guerre au jour le jour

 Boisleux-au-Mont
Boisleux-au-Mont- Collection privée