Louis Guédet

Mercredi 27 décembre 1916

837ème et 835ème jours de bataille et de bombardement

8h soir  Je suis fatigué. J’ai beau dire que je suis parti, tout le monde m’accable. Temps magnifique, froid, mais du beau soleil…  avec légère brume transparente, une belle journée d’hiver. Ce matin mis un tas de choses à jour, au courant. Courrier à 11h1/2, peu de lettres, auxquelles je me suis mis en peine de répondre. 2 cartes de visites. Au Diable soient-elles !! Des cartes de visite à cette époque et par ce temps !! Enfin il y a des gens il est vrai qui ne se doutent pas que nous sommes en Guerre et sous les bombes.

Manquent les feuillets 399 et 400, le haut du feuillet suivant est découpé.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Mercredi 27 – + 1°. Nuit tranqu2ille. 8 h. 45 bombes allemandes sur batteries dont plusieurs tombent pas très loin d’ici. Duel très violent entre les artilleries adverses. Visite du Général Barret (1) (sic).

(1) Le Général Barret a commandé le 14e Corps d’Armée en Champagne en 1915, puis à Verdun en 1916 un groupement de 6 corps d’armée
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mercredi 27 décembre

Grande activité des deux artilleries dans les secteurs de Belloy-en-Santerre et de Fouquescourt.

Partout ailleurs, canonnade intermittente. Sur le front belge, activité d’artillerie habituelle.

Sur le front italien, les actions d’artillerie ont été par endroits, contrariées par le mauvais temps. Nos alliés ont avancé de 300 mètres par bonds et par surprises sur le Carso, au-dessus du mont Faiti. 150 caisses de munitions d’artillerie ont été abandonnées par l’ennemi.

Les Anglais poursuivent leurs avantages en Syrie. Le nombre de leurs prisonniers monte à 1350.

La canonnade continue à être très vive au nord de Monastir.

Les Russes, malgré une vigoureuse résistance, ont dû céder du terrain en Valachie.

Le général Joffre est nommé maréchal de France et cette nomination est chaleureusement accueillie par l’opinion.

L’Espagne se préoccupe anxieusement du blocus que les sous-marins allemands ont tendu en pratique autour de ses côtes.

On parle de la démission du ministre de la Guerre d’Autriche, le chevalier de Krobatiu.

Un terrible ouragan a dévasté le port de Hambourg.

L’Allemagne et l’Autriche répondant à la démarche de M. Wilson, s’abstiennent de proclamer leur proposition de paix. Elles se bornent à réclamer la réunion d’une conférence des belligérants. En même temps la propagande germanique inonde les Etats-Unis de radios pour rendre hommage au président que la presse berlinoise a attaqué.

Le roi Constantin a organisé une cérémonie digne des plus vieux âges pour jeter l’anathème sur M. Venizelos. Le gouvernement d’Athènes a prescrit encore toute une série d’actes de violence à l’égard des venizelistes.

Source : La guerre au jour le jour

fouquecourt