Louis Guédet

Lundi 10 juillet 1916

667ème et 665ème jours de bataille et de bombardement

5h soir  Beau temps lourd. Des torpilles vers 11h du soir avec leurs hurlements impressionnants. Calme ce matin. Quelques schrapnels seulement. Reçu un mot de mon Père (rayé). Disant qu’ (rayé) même (rayé) à Châlons demain. C’est soin (rayé) l’éclaire et lui (rayé). Et qui leur (rayé) ne changera mais (rayé) encore. Hier je voyais de pauvres gens dans la rue Favart-d’Herbigny et qui sans cave subissent et affrontent tous les bombardements. Comme je leur faisais l’observation et leurs demandais pourquoi ils restaient quand même. « Mais, Monsieur, » me répondirent-ils, « si nous nous en allons tout serait pillé par nos soldats ! » Et voilà comment des gens sont obligés de s’exposer à la mort pour protéger leurs pauvres meubles contre nos soldats. C’est navrant et honteux pour l’Armée. Et surtout pour nos miraflorès (habitants de la cour des miracles) d’officiers galonnards qui donnent l’exemple du pillage !! On ne le leur jettera jamais assez à la face !

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Lundi 10 juillet – Nuit assez bruyante. Rien sur la ville. Pas dit messe. Installé mon lit dans mon Cabinet (au lieu du corridor, qui ne voit jamais le soleil, et n’est fermé qu’avec de la tarlatane). Nuit de souffrances atroces. Militairement tranquille.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Lundi 10 juillet

Le chiffre des prisonniers capturés à Hardecourt, au nord de la Somme, atteint 633.
Au sud de la Somme, nous avons engagé une action offensive à l’est de Flaucourt, sur un front de 4 kilomètres environ, depuis la rivière jusqu’au nord de Belloy-en-Santerre. Sur toute la ligne d’attaque, nos troupes ont enlevé les positions ennemies sur une profondeur de 1 à 2 kilomètres. Nous nous sommes emparés du village de Biaches et nous avons établi nos positions sur une ligne qui va de ce village jusqu’aux abords de Barleux. Au cours de ces actions, nous avons fait 300 prisonniers.
Sur les deux rives de la Meuse, activité d’artillerie dans les secteurs de Fleury et du bois Fumin.
A l’ouest de la forêt d’Apremont, deux coups de main de l’ennemi ont été repoussés.
Dans le Vosges, après un vif bombardement, l’ennemi a attaqué un de nos ouvrages au sud du col de Sainte-Marie; cette tentative a échoué.
Les Anglais ont poursuivi leur progression dans les environs d’Ovillers.
Les Russes ont fait 12000 prisonniers dans la région entre Styr et Stohkod, menaçant Kovel. D’autre part, ils ont occupé Delatyn au débouché des Carpates.
Les Italiens ont obtenu quelques avantages dans le Trentin.

Source : La Grande Guerre au jour le jour


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