Louis Guédet

Samedi 4 décembre 1915

448ème et 446ème jours de bataille et de bombardement

9h soir  Jour de pluie battante, toujours la tempête, temps lourd, l’eau ruisselle de partout. Bombardement de 8h à midi.

Le soir est toujours triste pour moi seul et isolé et rendu encore plus triste par ce vent en tempête et mugissant continuellement. Toujours mêmes nouvelles de St Martin, mon père toujours très faible !! Pauvre Père. Je voudrais tant qu’il voie notre victoire finale et qu’enfin je puisse le voir en paix.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Paul Hess

Le bombardement sur les batteries du champ de Grève et ses alentours, commencé à 8 h 1/2, à la cadence d’un obus toutes les cinq minutes, ne se termine qu’à 14 h

Nous apprenons que cinq artilleurs ont été tués et d’autres blessés, à leurs pièces, non loin du boulevard de Saint-Marceaux.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Samedi 4 – Nuit absolument tranquille. Vent, tempête, pluie. Expédié Lettre collective à Lyon et Bordeaux. A 9 h. matin jusqu’à 10 h. série de bombes sifflantes. Item de 10 h. 1/2 presqu’à 11 h. 1/2. Violent bombarde­ment avec gros projectiles de 10 h. à 2 h. 1/4. Cinq artilleurs tués sur leurs pièces par le 1er obus. Le bombardement a porté rue du Barbâtre et rue Piper.

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Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Juliette Breyer

Samedi 4 Décembre 1915. Aujourd’hui bombardement toute la journée, une marmite toutes les deux minutes régulièrement au-dessus de nous au moulin de la Housse ; de huit heures du matin jusqu’à quatre heures du soir ; il y a eu une demi-heure d’accalmie. Et toujours sur le moulin. Ils l’ont complètement démonté. Encore bon qu’ils n’ont pas démoli le réservoir d’eau. Ce qu’on avait peur, c’est qu’il y eut encore des victimes car il y avait des soldats. Mais on a su ce soir qu’ils s’étaient cachés sous les pressoirs. Ils avaient réussi à mettre les appareils téléphoniques et télégraphiques en sûreté. Les tirs des boches deviennent plus réguliers. Avant ils nous arrosaient un peu partout mais hier et aujourd’hui ils cherchent les points militaires. Sont-ils renseignés ? On l’ignore.

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne


Samedi 4 décembre

Actions partielles d’artillerie.
Près de Lombaertzyde, en Belgique, nous avons repris un petit poste, qui avait été perdu par surprise.
Lutte de mines à Fay, entre Somme et Oise. Nous démolissons des abris, des constructions et un dépôt d’approvisionnement au nord de Laucourt.
Dans la forêt d’Apremont, combat de grenades.
Nos batteries arrêtent à Thann, en Alsace, un court bombardement.
Canonnade sur le front belge.
Le général Joffre est nommé commandant en chef des armées françaises.
La ville de Monastir, la plus importante de la Macédoine serbe, a été occupée par les troupes austro-allemandes. Les Bulgares y sont attendus.
La France, l’Angleterre et l’Italie ont décidé d’arrêter de nouveau les navires chargés de provisions à l’adresse de la Grèce, ce pays persistant dans une attitude peu amicale.
Les socialistes allemands accentuent leur opposition au chancelier, et cette attitude est vivement commentée par toute la presse d’outre-Rhin.
La Roumanie aurait vendu de très grosses quantités de blé aux empires du Centre.

Source : La Grande Guerre au jour le jour