Louis Guédet

Lundi 19 mai 1919

1711ème et 1709ème jours

8h soir  Je pars à 7h de St Martin le cœur bien gros !! A la Gare causé avec Mme de Riocour et Melle de Puymaigre, toujours aussi bonnes et charmantes. Rentré à 11h1/2. Monceau de lettres qui me coupent bras et jambes. Il faut me hâter car demain Chambre des notaires et mercredi à 5h je pars pour Paris, appel dimanche dernier par les Heidsieck pour leur affaire Jacquemart. Ils sont charmants, mais ils ne se doutent pas du mal qu’ils me donnent sans le temps qu’ils me font perdre. Je les verrai à 2h mercredi, je repartirai jeudi matin pour arriver à mon audience de 2h jeudi. Et repartir vendredi à Charleville à 10h1/2 et rentrer ici enfin samedi soir, et le mercredi suivant je retourne à St Martin pour la première communion de Maurice !!! Et on dit que nous ne faisons rien !!

Dérangé toute l’après-midi, tiré de-ci de-là ! Quelle vie, je suis fourbu ! Ajoutez à cela ma grande tristesse !!! Couru à la Ville pour obtenir un acte de naissance d’André et mon autorisation pour son baccalauréat !! Mais à la Ville j’obtiens tout ce que je veux ! Heureusement !! Demain à 8h1/2 signatures d’actes, légalisations, signatures de registres de régie, etc…

Appris vendredi au Parquet qu’Harel, mon confrère notaire à Reims, avait donné sa démission de notaire !! C’est simple ! Il est fou !! (Rayé).

M. Villermin qui vient d’Épinal est nommé juge de Paix des 2ème et 4ème cantons, il doit prêter serment le 23, vendredi. Je resterai donc en attendant un titulaire pour les 1er et 3ème cantons… Cela me soulagera d’autant.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Lundi 19 – Voyage à Rethel, avec le Général Didier et Mgr Neveux. Visite des Prélats américains (en mon absence). Visite de Mme la Directrice du Lycée, catholique pratiquante, qui vient de Vitry-le-François, et dont le père était Inspecteur d’Académie dans le Nord où elle-même dirigeait un Collège, à Lille, jusqu’en 1917. Visite de Mme du Doré avec M. de Lambilly. Visite d’adieu de M. Boucher qui retroune en Bretagne, chez les Auxiliatrices, ou la communauté où il était réfugié.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173


Lundi 19 mai

Brockdorff-Rantzau est parti pour Spa, où il doit conférer avec des hommes politiques et des financiers allemands. Il a remis une contre-proposition à la Conférence au sujet de la Sarre.
Cette contre-proposition s’inspire en fait de la note du 14 mai où Brockdorff-Rantzau protestait contre le transfert des mines de la Sarre à la France. Le chef de la délégation allemande insinuait qu’il y avait d’autres moyens d’indemniser notre pays de la destruction des charbonnages du Nord et du Pas-de-Calais. Ce sont ces moyens qu’il a envisagé dans le document.
Les Quatre ont tenu une séance intéressante, M. Montagu, sous secrétaire d’État britannique pour l’Inde et le maharajah de Bikanir ont fait valoir contre une mutilation trop grande de l’empire ottoman les sentiments des musulmans hindous.
Les conversations sur Fiume n’ont encore produit aucun résultat.

Source : La Grande Guerre au jour le jour