Louis Guédet
Vendredi 18 avril 1919, Vendredi Saint
1680ème et 1678ème jours
9h soir Beau temps. Vendredi saint, journée toujours impressionnante. Mais je n’ai guère le temps d’y songer, surmené comme je suis, et surtout dérangé. Ce matin pour tout travail dans ma correspondance j’ai tout juste fourni 1/2 page de lettre !! que je n’ai pu finir qu’après le déjeuner ! C’est décourageant. Vu les Veith, père et fils, brasseurs, qui venaient me demander de prévenir Thiénot qu’ils le quittaient pour venir chez moi ! C’est fait. Gare les criailleries !! de cette bête !! mais je m’en moque et n’ai pas à faire de sensiblerie avec eux. Car Thiénot père, cette canaille ! n’a jamais eu pitié de moi ! C’est le fils qui paie pour le Père ! Je le regrette.
Après-midi visite de Mme Désaubeau, toujours brave femme… De Jonas l’aqueux portraitiste bien connu qui a illustré les cathédrales de Huysmans ! qui venait me faire ses adieux et me remercier de lui avoir facilité son séjour à Reims et son accès dans tous les coins et recoins de la Cathédrale. On a retrouvé un obus non éclaté dans la pelouse du 2nd jardin d’ici, entre le massif de rosiers du Bengale et les thuyas !… que de fois je suis passé près de cet obus sans le voir. On viendra le faire éclater un de ces jours.
Je pars demain matin pour St Martin. Je rentrerai mardi matin pour présider à 2h le conseil de famille du mineur Morlière, petit-fils du Docteur Langlet, notre Maire.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Vendredi 18, Vendredi Saint – Visite à Saint-Remi où le mur droit de la grande nef s’est écroulé, enfonçant les voûtes du bas côté sud. Chemin de la Croix, rue du Couchant
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Vendredi 18 avril
D’importantes délibérations ont été prises dans une séance où se trouvaient réunis, au quai d’Orsay, les représentants des dix-huit puissances à intérêt limité qui ont déclaré la guerre à l’Allemagne.
Un télégramme de convocation aux plénipotentiaires allemands a été lancé pour le 25. Il a été transmis par le maréchal Foch au général Nudant qui le communiquera lui-même aux commissions germaniques de Spa.
Le Comité des Quatre a entendu M. Hymans sur les revendications belges.
Un Comité des Dix a encore siégé pour délibérer sur le désarmement de l’Allemagne, la ratification eventuelle des préliminaires de paix et le paiement par nos ennemis des frais d’occupation.
M. Lloyd George, à Londres, et M. Pichon, à Paris, ont fait des déclarations sur la politique étrangère. Le gouvernement français a obtenu un note de confiance.
Source : La Grande Guerre au jour le jour