Louis Guédet

Vendredi 11 octobre 1918

1491ème et 1489ème jours

4h soir  Temps magnifique, froid, du brouillard le matin. Courrier chargé. Pas de lettres ennuyeuses, et Dieu sait si elles ne manquent !! Ces froussards-là ne comprennent pas la situation, ils ne pensent qu’à eux !! Nous avançons toujours. Cambrai vient de sauter ! Les sauvages ne se rendent pas ! Ils voudront qu’on aille quand même chez eux pour leur rendre la pareille…

Je m’effraie toujours de mon retour à Reims !! C’est une vraie obsession ! Je crois que je ne pourrais pas supporter cette vie pénible au dernier chef, dans des baraques ! au milieu des ruines ! Travailler pour tous, et ne contenter personne ! Jolie perspective ! Et cependant il serait temps que j’ai un peu de satisfactions et de chances. Mais la fortune me sourira-t-elle jamais ?…

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Cardinal Luçon

Vendredi 11 – Visite du Père Christ

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

 Vendredi 11 octobre

Les Anglais, sur le front entre Saint-Quentin et Cambrai, ont fait plus de 10000 prisonniers et capturé de 100 à 200 canons. Vingt-trois divisions ennemies étaient engagées sur ce front. Leurs troupes ont avancé sur tout le front entre Somme et Sensée, et largement progressé vers l’Est. Ils ont atteint la ligne Bohain-Busigny-Caudry-Cauroir.
Sur notre front, les Allemands ont dû se replier au sud et au nord de Saint-Quentin.
Nous avons pris Etaves, Beautroux, Fonsomme, Fontaine-Notre-Dame, Maisy, Mézières-sur-Oise, progressé de 8 kilomètres, capturé 2000 prisonniers. Au nord de l’Arnes, nous tenons Cauroy. Dans la vallée de l’Aisne, qui a été franchie, nous avons Montcheutin. 600 prisonniers ont été faits.
Les Américains ont occupé les hauteurs de l’Argonne au sud de Marcq et rejoint nos troupes à Lançon, en faisant 2000 prisonniers.

Source : La Grande Guerre au jour le jour