Louis Guédet
Samedi 21 septembre 1918
1471ème et 1469ème jours de bataille et de bombardement
11h matin Passage de troupes toute la nuit. Pluie, vent très fort ce matin. Gare encore la pluie. La température est fort abaissée. Le baromètre remonte cependant.
Préparé une lettre au Procureur de la République pour lui signaler que l’autorité militaire m’ayant refusé un commis greffier en remplacement de Croquet pour les réquisitions militaires et conciliatrices, mes audiences s’en ressentiraient et ces affaires traineraient forcément, n’ayant personne pour mettre les dossiers au point. De là un jour ou l’autre des plaintes et que j’entendais décliner toutes responsabilités à ce sujet. Comme cela Colombié (rayé) compagnie qui seraient enchantés de susciter des récriminations de la part des prestataires seront plaqués et prévenus. Car ils ne se gêneraient pas de dire que les retards sont suscités par moi, de mon fait !! Ils sont assez (rayé). Quand un travaille dans ces boîtes-là de l’Intendance il y en a 10 qui ne font rien, si, la fête et la noce… Un jour viendra-t-il où ces pantins-là seront cinglés et rabattus comme ils le méritent ? Ce serait à désirer, c’est même nécessaire et indispensable.
6h soir Peu de lettres, été porter mon courrier à La Chaussée et remettre les titres Gendron (à vérifier) à Jeanne Soudant et à Albert Grenier, avec les intérêts échus. Voilà une affaire encore réglée, bon débarras. En repassant les américains campés dans la prairie se préparaient à partir. Ils viennent de repasser dans le village se dirigeant je ne sais où. Lettres de Robert qui est à Juvigny près de Châlons, et va sans doute aller vers Reims. Pourvu qu’il ne lui arrive rien.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Samedi 21 – Visite de M. Mea, propriétaire de la maison où nous sommes installes.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Samedi 21 septembre
Nos troupes ont poursuivi leurs attaques dans la région au sud-ouest de Saint-Quentin et élargi leurs gains, malgré la résistance de l’ennemi. Nous avons dépassé Contescourt, qui est tout entier entre nos mains, et nous nous sommes emparés de Castres. Plus au sud, nous avons poussé nos lignes jusqu’aux lisières de Benay.
Sur les plateaux à l’ouest de Jouy, l’ennemi a contre-attaqué sans succès. Nos troupes lui ont infligé de lourdes pertes.
Des coups de mains allemands à l’est de la Meuse, dans la région des Chambrettes et dans les Vosges n’ont obtenu aucun résultat.
Les Anglais ont brisé une très violente contre-attaque allemande au nord de Trescault. Des combats ont eu lieu dans le secteur à l’est d’Epéhy, dans le voisinage de Gouzeaucourt, et nos alliés ont progressé au nord du bois Gauche.
Ils ont fait des prisonniers an sud d’Auchy-lez-La Bassée. Depuis la veille, ils ont capturé 10000 ennemis et pris 60 canons.
Les succès des armées alliées s’étendent au front bulgare.
L’ennemi se replie en désordre sur la Cerna, poursuivi par les Franco-Serbes, qui s’emparent des massifs montagneux. Les Anglo-Helléniques ont progressé autour du lac Doiran.
Source : La Grande Guerre au jour le jour