Louis Guédet

Jeudi 24 juin 1915

285ème et 283ème jours de bataille et de bombardement

6h soir  Pas un coup de canon. Chaleur lourde, orageuse, pas de pluie. Mis tout au point, fais quantité de courses. Vu Procureur de la République, M. Bossu, fort découragé en disant qu’on ne reconnaitra jamais ce que nous avons fait et que du reste à Paris on s’en moque ! Cela ne m’étonne pas.Du reste tout le monde ici est de cet avis et envisage de plus en plus un nouvel hivernage devant Reims !! Alors, que faire ? Je ne pourrai guère rester dans mes ruines !! Chercher un nouveau logement ? Où ? Mon Dieu quel problème !

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Nuit tranquille, sauf vers 9 h 1/2, une grosse détonation qu’on prétend être française. Journée tranquille ; visite de M. le Curé de Perthes qui me raconte les cruautés des Allemands dans sa paroisse.

Visite à l’ambulance russe (1) ; thé, photographies.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

 Juliette Breyer

Jeudi 24 Juin 1915. Aujourd’hui sur Le petit Parisien on reparle du jeune homme du 44e. C’est un dénommé Joseph Bernard. Ses parents habitent rue du faubourg Saint-Cosne à Chalon-sur-Saône. Ils expliquent que s’ils ont eu des nouvelles de leur fils, c’est par hasard. Ils lui avaient envoyé une lettre à son nom et adressée au bureau de poste N°24 à Berlin. C’est de là qu’ils ont eu des nouvelles. Il leur dit qu’il est en bonne santé mais il réclame des aliments. J’ai écrit à Berlin et aux parents du jeune homme. Si seulement j’avais des nouvelles, que je serais heureuse de t’envoyer des petites friandises.

Ton coco fait sa bourse. Il garde ses petits sous pour acheter du chocolat à son papa Charles. Il te réclame toujours. Je lui ai dit que les boches t’avaient enfermé dans une maison et que tu ne pouvais sortir. « J’irai ouvrir la porte, me dit-il ; mon papa Charles pleure ; il s’ennuie après son coco ». Il comprend déjà bien.

Mais que c’est long ! Jusqu’ici ils avançaient vite dans le Nord , mais voilà les opérations qui retardent encore une fois. Pourtant Mme de Thèbes prédit la fin de la guerre pour le 6 Octobre et j’ai du mal à croire qu’elle sera terminée. J’aurais plus de patience si je te savais vivant.

Je te quitte mon bon tit Lou. J’espère toujours…

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL

De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne


Renée Muller

le 24 il vient avec S/lieut. et le 49 nous avons fait le salon

Renée Muller dans Journal de guerre d'une jeune fille, 1914

Voir la suite sur le blog


près de la place de la République

près de la place de la République


 

Jeudi 24 juin

Quelques actions d’infanterie dans le secteur au nord d’Arras : nous avons progressé au nord de Souchez. D’Angres à Ecurie, canonnade violente.
Près de Berry-au-Bac, nous avons fait exploser une mine et endommagé les tranchées allemandes.
Canonnade violente en Champagne, sur le front Perthes-Beauséjour.
Sur les Hauts-de-Meuse, à la tranchée de Calonne, l’ennemi a prononcé une violente contre-attaque qui lui a permis de reprendre sa deuxième ligne, mais une nouvelle contre-attaque de notre part l’a, à son tour, refoulé.
Bombardement aux lisières du bois Le Prêtre.
En Lorraine, nous avons enlevé deux ouvrages près de Leintrey : nous avons fait des prisonniers.
Dans les Vosges, l’orage a contrarié les opérations.
Aux Dardanelles, nous avons pris plusieurs lignes de tranchées turques, et les troupes ottomanes ont subi des pertes très sensibles.
L’armée russe a remporté des avantages marqués aux deux ailes du front oriental. Elle a fait au total plus de 5000 prisonniers.

Source : la Grande Guerre au jour le jour