Louis Guédet

Lundi 29 avril 1918                                                        

1326ème et 1324ème jours de bataille et de bombardement

11h matin  Toujours le même temps, la pluie. On vit dans l’eau. Marie-Louise parait un peu mieux, ce n’est pas cela qui va la remettre d’aplomb. Elle est bien délicate. Il lui faudrait une vie plus agréable, hélas ! Écrit à Bossu une longue lettre pour le mettre au courant d’un tas de mesures faites sur Reims et ses habitants (une manière de parler !) qui l’intéressent toujours.

6h soir  Été à Cheppes demander de la potion pour Marie-Louise, chez M. Tollin. Elle va bien doucement.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils.

Cardinal Luçon

Lundi 29 – Voyage de Mgr Neveux et de M. Comptant à Reims dans un camion fourni par le Général Gourand, qui n’a pas voulu que je sois du voyage, à cause du danger, et du bruit que ferait un accident qui m’arriverait. Il m’offre des camions pour amener à Hautvillers mon mobilier resté à Reims. J’accepte avec reconnaissance. Les soldats ont dit qu’ils voulaient me rapporter tout le mobilier de mon Cabinet de travail. Visite d’un Médecin (élève) roumain. Retour de Mgr Neveux et de M. Compant.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Lundi 29 avril

Au cours de la nuit, le bombardement s’est poursuivi de part et d’autre sur le front Villers-Bretonneux-Hangard. Nos troupes ont contre-attaqué de Villers-Bretonneux au sud de la Luce et repris une portion sensible de terrain. Une attaque allemande sur nos organisations du chemin de fer à l’ouest de Thennes n’a pu aborder nos lignes. Nous avons réussi des coups de main dans la région du canal de l’Oise, vers Loivre et au front du Cornillet, et fait un certain nombre, de prisonniers. Lutte d’artillerie assez active, sur la rive droite de la Meuse. Au nord de la Lys, la bataille continue à faire rage sur tout le front, depuis les abords de Dranoutre jusqu’au canal d’Ypres-Comines. L’ennemi s’est emparé de Dranoutre, du mont Kemmel et du village. Les troupes françaises ont contre-attaqué. Elles ont d’abord réussi à faire quelques progrès et à capturer un certain nombre de prisonniers. L’ennemi a renouvelé son attaque et dirigé son assaut avec une violence particulière contre les positions alliées qui s’étendent de Locre à la Clytte et contre celles qui sont à cheval sur le canal Ypres-Comines. Dans le voisinage de la Clytte et de Scherpenberg, toutes les attaques de l’ennemi ont été contenues. Après un dur combat au cours duquel une série d’attaques résolues ont été repoussées avec de lourdes pertes pour ses troupes, l’ennemi est parvenu à faire reculer la ligne alliée dans la direction de Locre. Des deux côtés du canal Ypres-Comines, l’ennemi a également fait quelques progrès. Les aviateurs britanniques ont bombardé Menin, Roulers, Armentières et les cantonnements allemands.

Source : La Grande Guerre au jour le jour


Château de Scherpenberg