Louis Guédet

Dimanche 7 avril 1918                                                 

1304ème et 1302ème jours de bataille et de bombardement

4h soir  Pluie toute la nuit et toute la journée. Temps maussade. Enfin des nouvelles d’Adèle qui est à Paris chez sa belle-sœur, soi-disant malade. Je vais m’occuper de la faire revenir à Cumières où elle veut revenir près de ses parents. Courrier assez chargé.

Lettre du Procureur de la République qui prend la panique pour les archives des Etudes de l’arrondissement. Je lui réponds que je ne vois de danger que pour Verzy (c’est fait et évacué à Aÿ), Rilly-la-Montagne, Ville-Dommange, Jonchery-sur-Vesle, Rosnay, Fismes et Ville-en-Tardenois. Quant aux autres je n’en vois pas la nécessité, Aÿ, Tours-sur-Marne, Avenay, Hautvillers, Chatillon-sur-Marne…  Il décidera ce qu’il voudra. Enfin on verra !!

Lettre de Robert qui dit avoir du travail parce qu’il a oublié beaucoup. Cela se conçoit après 5 mois de position il n’a pu travailler ! Pas de nouvelles de Jean qui doit être à Vendôme, mais vraiment il n’est pas gentil de ne donner aucune nouvelle. En somme nous sommes censés ne pas savoir qu’il est à Vendôme.

J’ai oublié de noter hier une bien bonne que m’a dit le Capitaine Rouyer à l’État-major du 6e  (gendarme !) de Châlons. Comme il me parlait de la Sion (Succession) Emond, de St Brice, dont il est héritier ou exécuteur testamentaire, et de la possibilité d’enlever le mobilier du défunt laissé à l’abandon à St Brice par suite de l’évacuation du village. Je lui conseillais d’y aller, et étant sur place il pourrait, avec ses collègues militaires, peut-être débarrasser le tout quelque part. « Oui, en effet, me dit-il, ce serait une solution pratique, et la plus simple, mais… aller…  là-bas ? C’est dangereux !! »

Saluez !! Je me suis retenu de sourire ! Brave Pandore ! En effet c’est dangereux ! d’aller à St Brice-Courcelles ! mais cependant en votre qualité de militaire, n’est-ce pas un peu votre mission d’aller au danger ? (Rayé)!!

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils


Cardinal Luçon

Dimanche 7 – Dit la Sainte Messe. Reçu visite de Mile Evain partant au Carmel (de Reims).

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

 Dimanche 7 avril

La lutte d’artillerie s’est maintenue violente sur le front de l’Oise et de la Somme. L’ennemi a prononcé une forte attaque sur nos positions entre Mesnil-Saint-Georges et à le Monchel. L’attaque, brisée par nos feux, a complètement échoué. De nombreux cadavres sont restés devant nos lignes.
Plus au nord, nos batteries ont dispersé des rassemblements ennemis dans le bois au sud de Hangard et dans la région de Dumuin.
Dans le secteur de Noyon, les Allemands, après un bombardement par obus de gros calibre, ont tenté de nous arracher nos gains au nord du mont Renaud. Après un combat très vif, nos troupes ont gardé l’avantage et conservé le terrain conquis.
Sur la rive gauche de l’Oise, la journée a été marquée par une série de violentes attaques lancées par les Allemands sur le front Abbecourt, sud de Chauny-Barisis. Nos troupes ont résisté sur nos lignes d’avant-postes, et, après avoir infligé des pertes élevées aux assaillants, sont venues occuper conformément aux ordres reçus, des positions préparées.
En Argonne, dans la région de Saint-Mihiel et au Ban-de-Sapt, activité des deux artilleries.
Sur le front anglais, continuation de la lutte au sud d’Ayette.
L’ennemi a constamment renouvelé ses attaques avec des forces considérables, mais elles n’ont pas eu plus de succès que précédemment.
Nos alliés ont légèrement amélioré leur position au sud de la Somme, près de Hangard, par une contre-attaque.

Source : La Grande Guerre au jour le jour