Louis Guédet
Lundi 18 mars 1918
1284ème et 1282ème jours de bataille et de bombardement
2h1/2 soir Temps magnifique. Lettre du curé de St Remy, le bon abbé Goblet, qui m’écrit que le quartier de St Remy étant déclaré zone dangereuse par l’autorité militaire, (naturellement !!) on les forçait à évacuer avant le 20. Du reste il m’avoue qu’il n’a plus que 20 paroissiens, et hier il avait juste 8 fidèles à la messe, dont 4 partaient le jour même. Il va lui-même partir à Orléans, 6, rue de Vaucouleurs, dans sa famille. Il parait navré. L’abbé Maitrehut reste jusqu’à nouvel ordre à l’Hospice Roederer, 72, rue de Courlancy, et veillera sur la paroisse St Remy. Pauvre St Remy ! Réduit à 20 paroissiens !… lui si populeux !! Dieu veut donc que Reims disparaisse !
Jean part ce soir pour Paris. Il reviendra mercredi sans doute, pour repartir le jeudi 21. Pauvre enfant.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Lundi 18 – + 5°. Nuit assez tranquille, sauf de temps en temps quelques obus ennemis. Beau temps. J’ai cru entendre au loin quelque canonnade. A 10 h. vraies, un obus tombe sur la Cathédrale, violent bombardement suit. Dans l’après-midi : Avions et tir contre eux. Violente canonnade française de 6 h. 30 à 8 h. 30 sur le Linguet. Brillant succès français : 13 prisonniers allemands. 7 blessés français, 25 grosses bombes sur batteries, Rœderer, rue de Venise, Chaussée du port, Canal.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Lundi 18 mars
Sur la rive droite de la Meuse, le bombardement ennemi a revêtu une grande intensité et a été suivi d’une série de fortes attaques allemandes. Vers Samogneux, au nord du bois des Caurières et dans la région de Bezonvaux, de gros détachements ennemis ont abordé nos positions et réussi, en divers points, à pénétrer dans nos lignes. Sous la violence de nos feux, les assaillants ont subi de très lourdes pertes et n’ont pu se maintenir dans les éléments où ils avaient pris pied. La lutte d’artillerie continue, très vive, dans cette région.
Nos troupes ont pénétré dans la tranchée ennemie au bois de Malancourt sur une étendue de 1.400 mètres et une profondeur de 800. Le chiffre total des prisonniers que nous venons de faire sur la rive gauche de la Meuse est de cent soixante.
Nos pilotes ont détruit deux avions allemands; cinq autres appareils ennemis sont tombés dans leurs lignes à la suite de combats.
Les Anglais ont effectué avec succès des coups de main vers Epehy et Gavrelle. Une tentative de raid ennemi a échoué vers Lens.
Activité de l’artillerie allemande au sud de la route Bapaume-Cambrai, dans la vallée de la Scarpe et à l’est du bois du Polygone.
Les Belges ont procédé à des tirs de destruction vers Leke, Essen et Kuiksstraat.
Les aviateurs alliés ont bombardé les établissements ennemis dans les vallées de la Strouma et du Vardar, en Macédoine.
Source : La Grande Guerre au jour le jour