Louis Guédet
Lundi 11 mars 1918
1277ème et 1275ème jours de bataille et de bombardement
5h soir Beau temps. Peu de courrier. Lettre de Robert annonçant son arrivée vers les 8 – 9 – 10, et il n’est pas encore ici, cela inquiète sa mère. Il y a eu un coup de main vers leurs positions. Pourvu qu’il ne leur soit rien arrivé. Après-midi été jusqu’à Vitry-la-Ville porter des lettres, prendre des mandats et cherché à la Gare un paquet de vêtements pour Maurice. Rentré très fatigué avec Madeleine qui m’avait accompagné jusqu’à la sortie de Cheppes et m’y avait attendu. Pas de nouvelles de Reims, ni d’Épernay.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
10 mars 1918 – Même genre de bombardement que les jours précédents. Arrivées d’obus à gaz par séries, en pleine ville. La place de la République reçoit, ce jour, une douzaine de projectiles.
Aujourd’hui, on estime à 1 800 habitants, le chiffre de la population restant à Reims.
Complétant les renseignements donnés déjà dans ses numéros des 28 février, 2 et 3 mars, sous le titre « Le ravitaillement », L’Éclaireur ajoute à ses indications :
Cordonniers. Gilbrin ; Charles Goetsch (cordonnerie du Centre).
Blanchisseuses et repasseuses actuellement à Reims, Mmes Lejeune; Geanty ; V* Bach lu ; Thirion ; Ve Peltier, Testulat ; Melle Metillon ; Mme Chœtter.
Demander les adresses à la mairie ou au bureau de L’Éclaireur.
Le journal publie encore ces avis :
L’évacuation des enfants.
La commission mixte rappelle aux habitants que tous les enfants au-dessous de seize ans, devraient avoir quitté Reims.
Il en est encore rencontré en ville.
Un dernier délai est accordé jusqu’au 11 mars pour que les enfants soient partis.
Ceux qui après cette date seraient vus ou connus en ville, seront évacués d’office sur une colonie d’enfants de la ville de Reims.
Le 8 mars 1918, La commission mixte.
Ne ramassez rien.
Nous recommandons instamment à nos concitoyens de ne toucher à aucun objet qui traîne à terre. Des personnes qui ont commis l’imprudence de ramasser des fragments d’obus, ou même des branches d’arbres fauchés par les éclats, ont été sérieusement brûlées sur diverses parties du corps, les gaz exerçant leur effet vésicant à travers les habits.
Nous avons entendu dire, en effet, que des personnes qui, à la suite des derniers bombardements, ramassaient des branches d’arbres, sans se douter que le bois était empoisonné par l’ypérite, avaient été brûlées, à travers leurs vêtements, aux côtés et sous les bras.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Dimanche 10 – + 2°. Beau temps. Nuit comme les précédentes, un peu moins bruyante. Mais avions. Retraite du mois. Visite de M. B. de Mun qui insiste pour que je quitte la maison et me réfugie dans les caves Walfard. M. Compant semble l’appuyer très formellement. Visite d’adieu de la famille Becker.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Dimanche 10 mars
Des coups de main ennemis au bois le Prêtre et dans les secteurs du Reillon et de Letiscourt, ont complètement échoué.
Un avion allemand a été abattu par nos canons spéciaux.
Sur le front italien, les patrouilles de nos alliés ont harcelé efficacement l’adversaire et provoqué une vive réaction de feux. Dans le val Riofredo (plateau d’Asiago), de petits groupes ennemis qui tentaient de rejoindre la ligne italienne, ont été accueillis par des rafales de mitrailleuses et mis en fuite.
Des batteries et des aviateurs anglais ont abattu un avion et incendié deux ballons captifs ennemis. Des hydravions de la marine royale ont jeté deux tonnes de bombes sur des baraquements et des bivouacs ennemis dans la Basse Piave.
En Palestine, les troupes britanniques ont à nouveau progressé au nord de Jérusalem, et bombardé les positions ennemies. Les Turcs ont détruit un pont sur le Jourdain.
En Afrique orientale, les opérations se poursuivent avec succès contre les Allemands.
A la suite de la démission du cabinet Garcia Prieto, le roi Alphonse XIII a reçu les chefs de partis.
Trotski annonce qu’il résilierait ses fonctions de commissaire du peuple.
Source : La Grande Guerre au jour le jour
En savoir plus sur le plateau d’Asiago 1917-1918