Paul Hess

Le travail que m’avait demandé M. le maire le 13 juin étant terminé, je vais le soumettre à M. Raïssac, secrétaire en chef, en le priant de vouloir bien remettre à M. le Dr Langlet cette situation générale du mont-de-piété, établie le plus clairement possible au 2 septembre 1914, date de la cessation des opérations, afin de donner quant aux écritures et en dehors de la perte de l’immeuble, de l’agencement et du matériel, des précisions sur celle résultant de la destruction totale de l’établissement, pour les services de la caisse et des magasins.

M. Raïssac était au courant. Il me retient pour me demander quelques explications, tout en parcourant l mémoire d’une vingtaine de pages, où se trouve résumé l’état des comptes généraux résultant de l’anéantissement du 19 septembre 1914, suivi, pour chacun, d’un commentaire succinct, puis après avoir pris connaissance de l’ensemble il dit :

« Cela me paraît bien ; venez avec moi, nous allons voir tout de suite M. le maire. »

Il me conduit dans le cabinet de l’administration municipale où M. le Dr Langlet, absorbé dans le dépouillement d’un volumineux courrier, me remercie ajoutant qu’il examinera attentivement et sans retard ce que M. Raïssac dépose sur son bureau.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

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Le mont-de-piété, rue Eugène Desteuque

 Cardinal Luçon

Lundi 28 – Nuit tranquille (au sous-sol). Départ à 2 h pour Épernay, pour le sacre de Mgr Neveux. J’étais logé chez M. Gallice, le « Bourru bienfaisant » où je couchais.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Juliette Breyer

Lundi 28 Juin 1915.

Ce matin je n’étais pas décidée à aller voir tes parents. Dès six heures et demie ils ont bombardé et c’étaient de grosses bombes qui tombaient dans le milieu de la ville. Enfin vers neuf heures c’était tranquille et je me suis décidée à partir. La journée s’est passée tranquillement et le retour, pareil. Gaston a encore photographié les petits puisque la dernière fois ils n’étaient pas réussis.

Le dimanche, vois-tu mon Charles, me semble toujours plus triste. Je m’ennuie davantage. Bons baisers.

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL

De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne


Renée Muller

Le 28 juin, nous avons la visite aller et retour du lieut. MUGNIER, du cap. KACHIER et de l’ord. ………….. l’après midi nous allons à Taissy, le lieut. nous reconduit jusqu’aux palmiers tout devrait se passer encore mieux que cela, mais on parle de la visite à POINCARRE et JOFFRE alors, tout le monde est au poste je suis contente tout de même de ma sortie

Renée Muller dans Journal de guerre d'une jeune fille, 1914

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Lundi 28 juin

Les Allemands ont réussi à prendre pied dans le chemin creux d’Ablain à Angres, au nord de Souchez, sur un front de 200 mètres. Bombardement entre Neuville et Angres. Combat de grenades près de Quennevières; une violente attaque allemande est repoussée à Bagatelle dans l’Argonne. Il se confirme que les corps à corps dans les tranchées de Calonne ont été très rudes. Les Allemands ont été rejetés avec de lourdes pertes, et nous avons conservé partout le terrain conquis. Nous avons repris en presque totalité l’élément de tranchées que nous avions perdu au ravin de Sonvaux. L’ennemi a attaqué sans succés Arracourt en Lorraine, après y avoir jeté des obus incendiaires. Il a lancé des bombes sur St-Dié, où une femme a été tuée. Nous avons bombardé plusieurs gares du Nord.
Les Allemands ont été battus par les Russes sur la Nareff, laissant 150 prisonniers et de très nombreux cadavres. Dans la vallée de l’Orjitz, les Russes ont repris un ouvrage qu’ils avaient perdu et capturé cinq mitrailleuses. Violent combat à Prasnysch. Un bataillon allemand a été anéanti à Zavikhost (rive gauche de la Vistule). Entre Jolkef et Lvoff, les Russes se sont emparés de 2000 hommes et de 18 mitrailleuses. Ils continuent à repousser les Austro-allemands sur le Dniester, en faisant 100 prisonniers.
Le gouvernement de Berlin a interdit le Vorwaerts, organe officiel du parti socialiste, pour avoir inséré un article favorable à la paix.

Source : La Grande Guerre au jour le jour