Louis Guédet

Vendredi 21 décembre 1917

1197ème et 1195ème jours de bataille et de bombardement

7h soir  Temps magnifique, froid. Journée fatigante à cause des allées et venues que j’ai été obligé de faire pour l’ouverture de mes coffres-forts de demain, avenue de Laon. Lepage, cette brute, est parti. Je suis donc sans séquestre. Je cours à la Place pour lancer une dépêche au Procureur. Ce dernier m’envoie aussi une dépêche qui se croise avec la mienne. Bref, je cours de là à la Ville où je demande à Minet de remplacer Lepage, il accepte. Je télégraphie au Procureur de le désigner comme séquestre et je prends Monbrun à qui je fais prêter serment dans mon cabinet. Tout cela m’a pris mon après-midi. Courrier peu important heureusement. Vu Beauvais qui ne m’a rien appris. Vu Dor pour le contrat de mariage de sa fille, cela va encore retarder mon départ pour St Martin. Vu le Maire et Raïssac, causé un instant. Voilà ma journée et je suis très fatigué. Demain ce sera de même hélas. Rentré chez moi avec Houlon qui m’a dit que vers le 8 décembre nous avions failli avoir les allemands dans Reims. Il y avait des masses de troupes rassemblées devant la Ville.

Bonnes nouvelles des miens. Maurice a tiré son premier pierrot avec Jean. Il en était très fier. Pauvre petit ! Pauvre grand ! Voilà mes 2 grands au front, au péril, que Dieu les protège.

Reçu la visite de l’abbé Debout, curé de Champfleury, qui m’a apporté le reste du trésor de ses paysans, soit 10 000 F en or (pièces de 20 f) à employer en Bons de la Défense nationale. J’ai écrit immédiatement à M. Gilbrin pour le lui annoncer et le prier de m’envoyer les bons. Durant ce mois j’aurais ramené pour près de 26 000 F d’or.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

21 décembre 1917 – Beau temps. Tir sur avions.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Vendredi 21 – – 3°. Nuit tranquille, froid, temps couvert. Via Crucis in Cathedrali, hora 9a. Visite au quartier de Clairmarais et aux Trois-Fontaines. (vu Madame Mayer – qui s’occupe des malheureux) pour le projet de Fourneau économique. Canonnade le soir de 7 à 9 h. ou 10 h. Nuit assez bruyante (du 21-22) aux tranchées, surtout entre 2 h. 1/2 et 4 h. du matin. Coups de fusils fréquents et de mitrailleuses.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173


Vendredi 21 décembre

Activité moyenne des deux artilleries sur l’ensemble du front, plus vive dans la région des Caurières.
En Lorraine, une forte attaque allemande, précédée d’un violent bombardement, sur nos tranchées au nord de Reillon, a complètement échoué. L’adversaire a laissé de nombreux cadavres sur le terrain.
En Haute-Alsace, nous avons repoussé un important coup de main ennemi tenté sur nos positions de Gluckerveld (sud-est d’Altkirch).
Des avions allemands ont lancé des bombes dans la région de Dunkerque et de Calais : 4 tués, 10 blessés.
Dans la région du lac Doiran, activité d’artillerie assez vive. Les troupes britanniques ont exécuté un coup de main au cours duquel elles ont capturé quelques prisonniers.
Dans la région des lacs, les troupes russes ont dispersé des reconnaissances ennemies.
Sur le front italien, les Austro-Allemands ont attaqué sur le front Tasson-col dell’Orso. Ils ont été rejetés avec des pertes très graves. Un autre détachement a été repoussé au mont Solarolo.
Au sud de Sasso-Rosso (val Frenzola), nos alliés ont fait des prisonniers.
Sur la Vieille-Piave, activité locale de combat. Toutes les tentatives ennemies pour passer le fleuve ont été déjouées. Les marins italiens ont fait 35 prisonniers.
Deux avions ennemis ont été abattus.

Source : La Grande Guerre au jour le jour