Louis Guedet
Mercredi 5 septembre 1917
1090ème et 1088ème jours de bataille et de bombardement
8h soir Temps d’automne splendide, excessive chaleur. Calme relatif, à part les bombardements ordinaires. Ce matin travail acharné pour me rattraper. Rendu à 10h1/2 à la convocation du sous-préfet. Causé de diverses affaires. Allocations militaires, puis Beauvais qui était là entame la conversation sur ma décoration. Je suis proposé pour la citation et la décoration par le Ministère de l’Intérieur. Alors je dis ce que je savais sur ma proposition au Ministre de la Justice et ma conversation récente avec Herbaux, Procureur Général à Paris, et j’ai demandé à Bailliez notre sous-préfet de m’autoriser à signaler cela au Procureur Général afin d’obtenir la conjonction des deux derniers, et pour que je sois présenté par les 2 ministères, Justice et Intérieur. Ce qu’il m’autorisa à faire immédiatement. Ma lettre à Herbaux est faite et sera mise demain à la Poste. Beauvais me réclame alors une note de mes titres, juge de Paix, Président de commissions, etc… nom, date de naissance, etc… Je les lui apporterai à 2h…
Après-midi travaillé sans conviction, étant dérangé continuellement pour des certificats de vie. Je suis l’homme à tout faire… et au détriment de ma santé… Causé aussi avec Beauvais de la décoration de Guernier !!! Hum !! C’est gênant pour le Parti dont Beauvais côtoie les limites !!! Et le brave Beauvais m’avoue que dans son cénacle on aurait mieux aimé une simple citation, si élogieux et dithyrambique fut-elle ! sans la décoration qui risque fort de mêler sa rougeur sanglante avec la rougeur vinicole non moins violente du nez de Guernier !! Dans un ruisseau quelconque après une manifestation de chaleurs communicatives de banquets de… bas étage ! Je souriais à cela… et passons… Pauvre Légion d’Honneur, à quelle sauce t’aura-t-on mise sous la 4ème République !!! Pour mon compte je demande qu’on ajoute à la mienne une épinglette indiquant bien que je ne suis pas de cette catégorie-là !!
9h Toujours le calme. Couchons-nous et tâchons, espérons de dormir !
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Mercredi 5 – + 11°. Beau temps, après nuit tranquille. A 9 h. bombardement des batteries : Faubourg de Laon, église et quartier Saint-Benoît, rue Lesage. Bombes vers 4 à 5 h. Aéros. Visite par les rues à Melle Simon. Visite de M. Gauthier du « Journal ».
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mercredi 5 septembre
Dans la région d’Hurtebise, nos feux ont brisé une attaque menée par des détachements d’assaut ennemis qui ont subi de sérieuses pertes.
A l’est de Sapigneul, nos reconnaissances ont pénétré par surprise dans un saillant de la ligne ennemie. Un vif combat s’est engagé, au cours duquel la garnison allemande a été tuée ou faite prisonnière.
En Champagne, nous avons exécuté de part et d’autre de la route de Souain à Somme-Py un large coup de main. Nos détachements ont pénétré dans les tranchées adverses sur un front de 800 mètres. Après avoir détruit de nombreux récipients à gaz et fait sauter des abris, nos troupes sont revenues dans leurs lignes ramenant une quarantaine de prisonniers, quatre mitrailleuses, un canon de tranchée et un important matériel.
Sur la rive droite de la Meuse, nous avons arrêté net trois tentatives ennemies au nord du bois des Caurières.
Les Anglais ont exécuté avec succès, immédiatement au nord de Lens, un coup de main qui leur a permis de tuer un certain nombre d’ennemis et de ramener des prisonniers.
Les Italiens ont fait un important raid d’avions au dessus de Pola.
Les armées russes ont évacué la ville de Riga, après avoir détruit les fortifications. Dans la région d’Ikskull les Allemands ont élargi leur succès vers le nord. Ils ont essayé de tourner les positions de Dwinsk et réussi à enfoncer le front de nos alliés sur une largeur de 13 kilomètres.
Un nouveau raid aérien allemand a fait, en Angleterre, 107 morts et 86 blessés.
Source : La Grande Guerre au jour le jour