Louis Guédet

Samedi 23 juin 1917

1015ème et 1013ème jours de bataille et de bombardement

9h matin  Beau temps ce matin. Nuit semblable aux précédentes, on dort toujours mal étant presque toujours en éveil. Je vais un peu mieux mais je suis toujours profondément triste. L’avenir est si sombre pour moi quand je songe aux miens, mes amis, femme, enfants, sans compter les soucis et tristesses présentes. C’est trop d’épreuves pour le même, toujours pour le même. Et pas une consolation, une satisfaction (rayé), mais quand on (rayé) ce que cela (rayé) à se (rayé) que (rayé) sont (rayé) et ont (rayé) devoir. Et puis faire (rayé) ? pour ce qu’il (rayé)!

6h soir  Journée blanche. Eté à mon courrier, lettres diverses, répondu. (Rayé) qui (rayé) si cela (rayé) peu de courage. (Rayé). Après-midi porté lettres. Journal Petit Rémois dont l’article de Paul Bienvenu sur les décorations est plutôt sobre. Il tape surtout sur la bande Guichard, Beauvais, Dramas, etc…  toute la camarilla. Ils ne l’ont pas volé. A peine rentré chez moi qu’on m’appelle 9, rue de l’Équerre pour un testament qui du reste était déjà fait. Je n’ai qu’à le compléter par un codicille. La testatrice me remet également ses quelques valeurs, ce dont je me passerais bien. Rentré chez moi, et voilà que çà recommence à taper comme ce matin de 11h à 2h sans discontinuer. Que Diable leur avons-nous fait pour qu’ils nous bombardent ainsi. Quelle vie de misère ! Heureusement que jusqu’ici ce n’est pas trop venu de notre côté. Je souhaite que cela continue. Je suis si peu fort maintenant !! Je ne pourrais plus résister je crois. A la Grâce de Dieu !

Le temps s’est maintenu beau, nous voilà engagés pour une nouvelle période de beau temps. Si encore nous étions bientôt délivrés. Mais hélas !! On parle déjà de passer l’hiver ainsi… Le pourrais-je ?… !!

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

23 juin 1917 – Bombardement sérieux vers les rues Ponsardin, Gerbert et du Barbâtre ; — 1 300 obus.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos


Cardinal Luçon

Samedi 23 – + 13°. Bombes toute la matinée sur rue Ponsardin, Mont- Dieu, Barbâtre, Gerbert. Ce matin 6 h., bombes incendiaire rue Sainte-Geneviève. Visite d’un officier envoyé de la Place. Visite du Père de Comuet et du Père d’Herbigny ; de M. l’Abbé Thellier de Poncheville. Visite de la Cathédrale avec lui. Après-midi, obus comme dans la matinée. De 5 h. 30 à

5 h. Rafales jusqu’à 7 h., rue Gerbert. 16 obus à l’Ecole des Arts et Métiers. Aux Trois-Fontaines, un blessé. 1 obus chez M. Prévoteau.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Samedi 23 juin

Sur le chemin des Dames, le bombardement de nos positions au sud de Filain et dans la région de Braye-en-Laonnois, s’est prolongé jusqu’au matin et a été suivi d’une série d’attaques très violentes.

Sur un front de 2 kilomètres, depuis l’ouest de la ferme la Royère jusqu’à l’épine de Chevregny, les Allemands ont lancé des forces importantes composées de troupes spéciales qui ont attaqué avec un grand acharnement, malgré les lourdes pertes que leur ont infligées nos feux. Sur la majeure partie du front attaqué, les forces de l’ennemi ont été brisées et les vagues d’assaut rejetées dans les tranchées de départ. Nous avons maintenu nos positions sauf au centre, où l’ennemi a pu, après plusieurs tentatives, pénétrer dans un saillant.

Les Anglais ont repoussé un coup de main allemand à l’est d’Epéhy. L’ennemi a laissé plusieurs cadavres sur leurs réseaux et un certain nombre de blessés, qui ont été capturés. Une tentative analogue a échoué également vers la ferme Villemont.

Un avion allemand a été abattu en combat aérien et six autres ont été contraints d’atterrir avec des avaries.

Le cabinet autrichien Clam-Martinic a démissionné une seconde fois en présence de l’opposition des Slovènes, des Tchèques et des Polonais.

Les Allemands ont annoncé aux Russes qu’ils allaient reprendre leurs attaques.

Source : La Grande Guerre au jour le jour