Louis Guédet

Mercredi 28 février 1917

900ème et 898ème jours de bataille et de bombardement

8h soir  Temps nuageux, brumeux. Ce matin allocations militaires. J’ai fait mes adieux aux membres de la commission cantonale, et M. Chézel, Président qui me remplace, m’a dit quelques mots fort aimables en disant notamment qu’il m’avait toujours considéré comme un ami et qu’il contait bien que je serai toujours à leur disposition le cas échéant. (Rayé) faisait une (rayé). Comment (rayé). Et son (rayé) qui n’est pas (rayé) !! J’ai déjà examiné plusieurs dossiers, le travail sera facile. Une fois le retard rattrapé, ce sera un jeu.

Rentré travailler. Courrier assez volumineux, après-midi fait des courses. Lettres toujours plutôt lasses et résignées de ma pauvre chère femme. Je lui narrais qu’Adèle paraissait vouloir s’en aller, cela va encore la tourmenter. Cette brave Adèle est une molasse qui ne sait ce qu’elle veut. Je suis assez dans l’embarras qu’elle me laisse vivre, qu’elle m’ennuie avec ses incertitudes. Ce soir elle s’est levée et ma foi elle va bien. Qu’elle fasse ce qu’elle veut : si elle reste elle restera, si elle s’en va elle s’en ira !!

Reçu visite de M. Lhotelain, maréchal des logis au 25ème d’artillerie, qui a connu Jean à Rennes. Il me disait qu’il avait apprécié Jean mais il lui reprochait sa timidité. Il m’a avoué que là-bas on ne lui avait rien fait faire, lui-même en était scandalisé. Il se félicite qu’il ait pu entrer à Fontainebleau. Si mon pauvre Robert avait pu faire la même chose !! Le pauvre petit qui va partir au front !! Cela me tue. Comme si je n’avais pas encore assez d’épreuves depuis 2 ans 1/2 !! Ce Lhotelain a été très gentil, et il me disait être heureux si Jean revenait au 25ème. Il a la même idée que nous et les enfants, c’est que l’artillerie lourde est considérée comme un nid à embusqués.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

28 février 1917 – Bombardement, au cours de la nuit, dans le haut de l’avenue de Laon.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

p-freville-avenue de Laon


Cardinal Luçon

Mercredi 28 – Nuit tranquille. + 4°. Visite à M. le Docteur Simon et à la Maison Jeanne d’Arc.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mercredi 28 février

Au sud-est de Vailly, nous avons fait une incursion dans les lignes allemandes et ramené des prisonniers. Rencontre de patrouilles dans la région de Bezonvaux et dans les Vosges.

Canonnades dans les secteurs de l’Echelle-Saint-Aurin et de Beuvraignes (sud de l’Avre), ainsi que dans 1’Argonne, vers Vauquois.

Nous avons effectué des tirs de destruction sur les organisations allemandes du bois de Malancourt et du secteur de la cote 304.

Au sud de Sainte-Marie-aux-Mines, nous avons fait des prisonniers.

Les Anglais ont pris le Barque, Ligny et plusieurs défenses de Puisieux.

Les troupes anglo-indiennes de Mésopotamie se sont avancées jusqu’à 25 kilomètres au nord de Kut-el-Amara.

Discours de M. de Bethmann-Hollweg au Reichstag : l’Allemagne ira jusqu’au bout de la guerre sous-marine; c’est une réponse au message de M. Wilson demandant de pleins pouvoirs.

Le transatlantique Laconia, qui revenait d’Amérique a été coulé près des côtes d’Angleterre par un sous-marin. Deux Américaines ont péri.

La Hollande a adressé une note énergique au cabinet de Berlin pour le rendre responsable de la destruction de ses navires près de Falmouth.

Source : La Grande Guerre au jour le jour