Louis Guédet
Au mercredi 17 janvier 1917 858ème et 856ème jours de bataille et de bombardement
Rentré tout à l’heure par la neige. Elle tient et les chevaux pour me ramener de Pargny avaient du mal à avancer. Passé 5 jours à Paris, fort fatigants, étant pris par quantité de monde. Dîné ou déjeuné chez les Guelliot, Français, Thomas, Jolivet, assisté au mariage de Marcel Heidsieck, dont j’ai signé le contrat avec Me Panhard, notaire à Paris 4, rue Rougemont, ce dernier charmant avec moi, par extraordinaire partagé les bureaux avec moi, chose que les notaires de Paris ne font jamais. Beaucoup de veuves à ce mariage. La famille Heidsieck très affectueuse avec moi. Le Dr Guelliot m’a conté les souffrances de Joseph Krug, qui avec 5 de ses camarades prisonniers, et officiers comme lui, ont été enfermés pendant 6 mois dans une casemate sans lumière, avec juste un soupirail pour aérer, couchant sans couverture sur le plancher, n’ayant jamais une goutte d’eau pour se laver !
L’officier qui lui avait dit cela, évadé d’Allemagne récemment, lui a aussi conté que Krug et lui avaient vu Garros, l’aviateur, promené dans le camp torse nu et une corde au cou, tiré par un soldat allemand, hué, souffleté par la meute allemande qui lui crachait au visage, et le couvrait d’immondices ! Et dire que nous prenons tant de précautions avec nos prisonniers.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
17 janvier 1917 – Depuis le vendredi 12, on entend, au loin, une très forte canonnade.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Mercredi 17 – Nuit tranquille en ville. Canonnade sourde au loin. Neige abondante, 0,15 cm – 2°. Visite de M. Péchenard, frère de M. le Doyen d’Attigny qui nous donne quelques détails sur les Allemands. Au repos, peu nourris, affalés ; rappelés en lignes, pleins d’énergie et mieux nourris. A Attigny, ils logent au presbytère. Son frère et lui se parlent peu. En septembre 1915, ils ont bien cru, à la Bataille de Champagne, reculer. Ils avaient (ceux de l’arrière) reçu ordre de faire leurs bagages et de se tenir prêts à partir*. A 4 h. du matin, contre-ordre : « Débouclez vos malles ; nous tenons » (Nous, c’est-à-dire les Allemands).
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
* Comme il l’avait déjà fait le 25 décembre 1916, le Cardinal fait allusion au baptême de Clovis et au baptistère. Qu’a-t-il écrit à Monsieur Lavisse sur celui-ci ? Il serait intéressant de rappeler sa thèse, antérieure à toutes les fouilles et à leurs interprétations.
Mercredi 17 janvier
La lutte d’artillerie s’est poursuivie assez vive dans la région de la Somme, ainsi que sur le front nord-est de Verdun et en Lorraine.
Un coup de main exécuté par nous, sur les tranchées ennemies à l’est de Vic-sur-Aisne a pleinement réussi.
Sur le front belge, légère activité d’artillerie dans les régions de Dixmude et de Steenstraete, assez intense vers Hetsas.
Sur le front italien, dans le Haut-Cordevole, l’ennemi a fait exploser une mine très puissante sous la position de Cengia-Martini, mais nos alliés, par leurs travaux de contre-mine ont rendu cette explosion sans effet de leur côté. Au contraire, la galerie creusée par les Autrichiens s’est écroulée, entraînant des pertes sensibles parmi leurs troupes. La neige tombe abondamment dans la zone montagneuse du Trentin.
Violents combats en Roumanie, au sud-est de pralea, au sud du confluent de la Kassina et du Trotus.
Les Russo-Roumains se sont avancés de deux kilomètres au sud de Pralea. Ils ont rejeté deux attaques ennemies. On combat autour de Vedeni.
Le gouvernement suisse a rappelé une partie de ses troupes. Trois de ses divisions sur six sont désormais mobilisées.
La Grèce a cédé une fois de plus aux réclamations de L’Entente dont elle déclare accepter les clauses sans aucune restriction. Elle libérera tout de suite les venizelistes.
L’amiral américain Dewey, le héros de la bataille navale de Manille, est mort.
Les gouvernements alliés ont remis à la Suisse et aux royaumes scandinaves des réponses aux notes par lesquelles ces états s’associaient à la récente démarche de M. Wilson.
Source : La Grande Guerre au jour le jour