Louis Guédet

Vendredi 22 décembre 1916 

832ème et 830ème jours de bataille et de bombardement

7h soir  Temps radouci. Rayées de soleil avec pluie, qui du reste n’a pas cessé de la nuit. Je vais mieux. Toutefois je me suis abstenu d’aller au Tribunal. Cet après-midi vers 2h, n’y tenant plus, je suis sorti jusque chez Ravaud, et je suis passé par le Tribunal, puis rentré pour terminer mon courrier. Je n’ai plus qu’une lettre à répondre.

Reçu lettres de Jean et de Robert m’annonçant qu’il espérait être à St Martin pour le trente courant. Je vais m’organiser pour m’y trouver. J’espère avoir un peu de tranquillité durant mon absence. L’aurai-je ?? Je reprends un peu vie, mais je suis encore bien las et puis, au seuil de 1917 quelles tristes pensées m’assaillent, tant sur le Passé que sur l’Avenir, surtout sur l’Avenir…  Que deviendront mes aimés ??? Je n’ai aucun espoir de chance, bonheur ou joie…  ce n’est pas fait pour moi…  pour nous… !! Alors…  je franchirai le premier pas de 1917 en me disant comme Dante entrant aux Enfers : « Lasciate ogni speranza !! »

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Vendredi 22 – Nuit silencieuse. + 5°. Via Crucis in cathedrali à 8 h. Visite du Major Colonel Beeklar Wilson, Canadien, du capitaine, de Jonchery, et du lieutenant, P. d’Herbigny. Visite de M. Leblanc de Rethel, remerciant pour les 25 bons donnés aux Ardennais.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Vendredi 22 décembre

L’ennemi a violemment bombardé nos lignes dans le secteur de Louvemont-Vaux. Notre artillerie a riposté. D’autres actions d’artillerie assez vives se sont produites sur divers points du front. Au cours de l’une d’elles des appareils à gaz ennemis ont été détruits par notre feu entre Berry-au-Bac et Reims.

Quatre avions ennemis ont été descendus par nos pilotes sur le front de la Somme.

48 obus ont été lancés par nous sur la gare d’Anizy, 480 kilos de projectiles ont été lancés sur les gares de Brieulles-sur-Meuse et Charleville-Mézières. Onze de nos avions ont lancé 47 obus de 120 sur la gare et les baraquements de Nesle, sur des bivouacs ainsi que sur des convois en marche.

En macédoine, lutte d’artillerie intermittente sur le front de la Strouma et dans le secteur de Najada, plus violent dans la région de la cote 1050.

Les Russes ont progressé dans les Carpates boisées, où ils ont aussi repoussé plusieurs attaques. De violents combats ont eu lieu entre les troupes de Mackensen et les Russo-Roumains, dans le nord de la Dobroudja.

Le cabinet Spitzmuller n’a pu être constitué en Autriche. Le comte Clam Martinie a été chargé de mettre sur pied une combinaison.

Source : La guerre au jour le jour

berry-au-bac