Louis Guédet

Lundi 25 décembre 1916 

835ème et 833ème jours de bataille et de bombardement

7h1/2 soir  Triste journée de Noël. Grand vent, pluie, rayées de soleil, mais temps doux. Messe à la rue du Couchant 8h1/2, sermon de l’abbé Camu le curé, très bien, sur l’aube de la victoire. Rentré écrire des lettres, préparé du vin pour mes petits. Déjeuné. Adèle pas contente parce que Bompas est venu s’inviter !! Pauvre garçon, il est si malheureux mais il abuse un peu, mais je suis tranquille, ma Cerbère veille ! Promené !? si on peut appeler cela se promener…  traîner mes chaussures et ma mélancolie dans les rues…  Passé par l’Hôtel de Ville. Vu Martin et Raïssac avec qui j’ai longuement causé. Comme moi il se rend bien compte que les temps sont passés où les classes dirigeantes se dépensaient pour la chose publique. Il était de mon avis : la Classe Bourgeoise riche geint, gémit de ce qu’on la critique et qu’on lui en veuille, mais elle ne se rend pas compte qu’elle ne fait rien pour empêcher cela, et j’en arrivais à dire à Raïssac : Le riche Bourgeois actuel est dans le même état d’esprit que la noblesse de 1793. Elle a tous les atouts, tous les moyens pour reprendre en mains le pouvoir, mais elle ne fait rien pour cela et elle sera rasée comme la Noblesse, tout en se demandant ce qu’elle a bien pu faire pour être traitée de la sorte…  Eh ! mais…  vous jouissez et vous ne donnez rien de vos forces vives, de vos richesses, de votre intelligence, de votre science à la masse. Et vous voudriez qu’on se mette à genoux devant vous ? Non ! alors !! Vous périrez misérablement comme la noblesse de 1793…  Messieurs le place est libre !…  Nous sommes au seuil de la Convention, en attendant que nous arrivions à la Révolution sociale. Qui prendra les rênes de l’État…  en attendant un Dictateur, mais cette fois un Dictateur de Paix, et non plus un Napoléon…  singulière période que nous traversons…  mais de plus en plus j’approche, j’analyse les rouages de notre…  organisation administrative de plus en plus, je vois que l’on ne trouve rien devant nous…  que des bureaux, des employés…  mais des têtes, des volontés…  Non !… Tous se dérobent. Pauvre France…

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Lundi 25 – Noël – Messe de Minuit aux Caves Mumm, aux soldats et civils. Allocution, allusion au 1400e anniversaire (496-1916) du baptême des Francs. (Rue Coquebert) pour les soldats du 293e(1)…. d’environ 50 à 60 soldats, officiers en tête. Au sortir le Colonel me prie de venir dîner à midi avec eux Maison de Convalescence. Accepté, et été. Distribution de Bons de charbon aux pauvres par les soins de Messieurs les Curés. Mgr Neveux officie pontificalement à Epemay Notre-Dame, église de son sacre.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Lundi 25 décembre

Actions d’artillerie assez vives en divers points du front, notamment de part et d’autre de l’Avre, dans les secteurs du Quesnoy et de Cauny, ainsi que sur la rive droite de la Meuse.

En Champagne, un coup de main ennemi sur nos tranchées à l’ouest d’Auberive a été aisément repoussé.

Sur le front belge, une patrouille allemande a tenté d’attaquer, au cours de la nuit, un poste belge au nord de Steenstraete. Elle fut repoussée avec pertes. Assez grande activité d’artillerie en divers points du front belge, notamment vers Dixmude et Hetsas, où nos batteries effectuèrent des tirs réussis sur les positions ennemies.

Les Italiens ont mis en échec une tentative autrichienne sur le Carso.

Sur le front russe, deux détachements ennemis ont été rejeté par le feu de nos alliés à Boidourg. D’autres tentatives allemandes ont été enrayées sur la Bistritza. Dans les Carpates boisées, les troupes russes ont occupé des retranchements ennemis au nord de la rivière Uzu. Elles ont capturé 5 officiers, 100 hommes et 3 mitrailleuses.

En Roumanie, Mackensen déploie toujours beaucoup d’activité. En Dobroudja, il a contraint les Russes à se retirer vers le passage du Danube à lsaktcha. Des avions out bombardé Braïla.

Source : La guerre au jour le jour

auberive