Louis Guédet
Vendredi 18 août 1916
706ème et 704ème jours de bataille et de bombardement
11h matin Temps couvert gris, temps d’automne, déjà !… Hier soir vers 9h alerte, des obus sifflent, je fais descendre mes livres, dossiers courants… J’attends à moitié habillé jusqu’à 10h du soir. Ce n’a été qu’une alerte. Ce matin le calme. Cet après-midi audience de réquisitions militaires à 2h.
6h soir Réquisitions militaires au Palais de 2h à 6h du soir. Il y avait beaucoup de prestataires qui cette fois sont venus. Pas mal de conciliations, mais toujours des non-conciliations pour de gros chiffres. Les prestataires refusent par principe et ne réfléchissent pas que c’est une conciliation, par conséquent le chiffre offert leur paraissant trop minime, peut être modifié en causant avec le sous-intendant militaire Payen, qui certes fait tout ce qu’il peut pour satisfaire de justes réclamations. Mais ces Messieurs les gros prestataires ne daignent pas se déranger et envoient des mandataires qui ont peu ou point d’instructions… conciliatrices… !! C’est se moquer du monde de la Belle façon !! Payen en est révolté !! Quant à moi cela me laisse indifférent… je les connais tellement bien. Lettre à ma pauvre femme qui s’inquiète sur Jean qui se plaint de son foie, pourvu qu’il ne lui arrive rien ! J’ai déjà bien assez de soucis et d’épreuves.
Payen pense m’envoyer mon adjoint militaire d’ici lundi. Je le souhaite, je le désire. Cela devient trop écrasant pour mon dévoué Landréat. Ensuite j’entamerai la question appointements à la Ville pour lui. Il ne les aura pas volés.
Lettre de M. Jadart, secrétaire de l’Académie, qui me remercie de mes renseignements sur l’incendie de l’Hôtel-Dieu. Je vais lui envoyer des photographies que Lesage m’a données pour l’Académie. De plus il me demande de mettre de côté ma communication sur le pillage du château de St Thierry. Enfin ils se rendent à l’évidence !! Ce n’est pas trop tôt ! Je lui en enverrai une copie.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Vendredi 18 – Nuit et journée tranquilles. Visite du Lieutenant Colonel Clanat… Expédié Mandement sur vœu. Via Crucis in cathedrali.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Vendredi 18 août
Sur le front de la Somme, après une intense préparation d’artillerie, nous avons prononcé des actions offensives qui nous ont valu des gains importants.
Au nord de Maurepas, nos troupes, en liaison avec l’armée britannique, ont enlevé toute une ligne de tranchées allemandes sur un front de 1500 mètres environ et ont atteint, sur certains points, la route de Guillemont à Maurepas. Au sud de ce village, sur un front de 300 à 500 mètres, toutes les positions de l’ennemi à l’est de la route de Maurepas à Cléry ont été également occupées par notre infanterie après un vif combat qui a coûté des pertes importantes à l’ennemi.
Au sud de la Somme, nos troupes se sont emparées d’un seul élan d’un système de tranchées allemandes sur une longueur de 1200 mètres au sud de Belloy-en-Santerre : 60 prisonniers ont été capturés.
Le passage des troupes russes a continué sur la Zlota-Lipa, sous le feu de l’ennemi qui s’efforce d’empêcher la construction des ponts. Nos alliés ont capturé 7 officiers, 413 soldats et 3 mitrailleuses. Ils ont occupé dans les Carpathes Jablonika que l’ennemi avait dû évacuer. Au sud de ce point, sur le Pruth, à Vovokla-Argoliouj, ils ont pris 32 officiers et 1006 soldats en poursuivant leur offensive.
Source : La Grande Guerre au jour le jour