C’est une lectrice qui nous a envoyé ces photos provenant des souvenirs que son grand-père : Henri Guéganno, originaire de Lanester dans le Morbihan. Il est revenu de la guerre « en entier » mais fragilisé par le paludisme.
Il est mort à 46 ans en 1943.
Sur la photo ci-dessous, c’est le 3e en partant de la gauche.
Voici la transcription du texte : « Petits souvenirs de tranchées (Massiges 1916). Mes derniers jours de tranchées en 1916.
A ma rentrée de permission de détente (27/11/1916 je rejoignais la 11 Cie du 60e d’Infanterie où j’étais affecté. Elle (la Cie) se trouvait en 1ère ligne, sur la gauche de la Main de Massiges (Marne) dans le secteur de la « Demi-Lune ». Les boyaux de communications étaient presque impraticables pour nous, et pour cause : ils étaient à moitié plein d’eau, plutôt de boue où nous pouvions à peine nous mouvoir. Mon arrivée en ligne se termina non sans peine. Les camarades y étaient déjà depuis 6 jours et devaient encore rester 4 longs jours avant d’être relevés et cette fois je devais leur tenir compagnie jusqu’à la relève. Nous avions trop de pertes pour songer à nous reposer la nuit ; tout le monde au créneaux ! Le jour tant attendu de la relève arrive enfin le 31/11 à 3h du matin par le 161e d’Infanterie qui comme nous fut obligé de patauger dans la boue.
Pendant ce temps nous nous dirigions sur l’arrière, sac au dos, rompus, fatigués… Nous marchions sans aucune discipline, les uns après les autres. Nous devions nous rassembler dans un village (Courtémont) 12 km des lignes, où nous absorbons le jus avant d’achever l’étape qui ne se termina que 10 km plus loin.
Les jours suivant, les étapes se succédèrent sans discontinuer jusqu’au 17 janvier 17 à Chaudrey (Aube) pour prendre notre grand repos. Seulement, comme toujours, on ne nous laissa guère de repos. Exercices du matin au soir, jusqu’au 23 janvier date de notre départ pour un nouveau secteur du côté de Reims, et où nous arrivons le 10 février 1917. Total du parcours : 180 km. Le lendemain, 11/02, je fus évacué sur l’ambulance 7/10 pour abcès et de là, sur l’intérieur à Bourges pour O.R.L. le 21/02/17.
Voici un autre de ses souvenirs que nous a transmis sa petit-fille : « Le 11 novembre 1918, Henri Guéganno, a entendu sonner le clairon qui annonçait la fin de l’horreur. Il se trouvait à Hirson dans l’Aisne et il avait rencontré une population civile qui manquait de tout, qui avait faim. Vers midi la roulante a apporté un repas mais les soldats habitués à manger la nuit, n’avaient pas faim. Les enfants étaient là et regardaient ; alors les soldats leur ont dit d’aller chercher des récipients pour partager le repas. Henri demanda à une femme si elle pouvait laver son linge. Elle voulait bien mais n’avait pas de savon. Henri en avait dans son paquetage et ensuite il lui en a fait cadeau. Ce fut comme si il lui avait offert un trésor ! »
Merci à Mme Gabrielle Le Métayer pour nous avoir permis de partager les documents de son grand-père.