Louis Guédet

Mardi 21 mars 1916

556ème et 554ème jours de bataille et de bombardement

6h soir  Calme général. Mon pied m’a fait souffrir la nuit et toute cette journée, ma foulure va mieux, mais j’ai bien peur qu’elle n’ait provoqué une attaque de goutte. Mon orteil me fait mal. Je me soigne énergiquement, espérons que j’enrayerai le mal car je n’ai pas le temps d’être malade. Rien de nouveau, journée plutôt monotone. Peu de monde. Vu Hérold qui vient de perdre son 2ème fils, tué au bois des Caures (André Hérold, canonnier, né en 1891 et mort le 24 février 1916 à Verdun). Je me suis fait excuser pour demain aux allocations militaires. Arrêté comme cela, je broie plutôt du noir. Quand donc cette vie de larmes finira-t-elle pour moi ? Je n’aurais pas passé un jour depuis le 31 août 1914 sans pleurer. On ne saura jamais ce que j’ai souffert et ce que je souffre. Tout autour de moi c’est le noir, l’impasse, de quelques côté que je me tourne, je ne vois pas la moindre petite lueur d’espoir d’un peu de bonheur, de repos, de prospérité pour les miens et pour moi !!

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Mardi 21 – Nuit tranquille ; + 7. Journée de tempête.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Juliette Breyer

Mardi 21 Mars 1916 – Mahi est revenue chez nous la semaine dernière. Elle ne s’accordait pas avec Gustine et comme elle était malade, Gustine l’a renvoyée. Nous ne pouvions pas la garder aux caves. Alors comme elle ne demandait qu’une chose, aller retrouver ma tante Phénie qui habite Moussy près d’Epernay, je suis aller lui chercher son laisser-passer et elle est partie. Pendant que je faisais ses courses les boches bombardaient. Je ne souriais pas, vois-tu. Ce n’est pas la peur de mourir mais nos deux cocos ont besoin de moi. Un aéroplane qui survolait la ville a été abattu mais il est retombé dans leurs lignes.

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne


Alfred Wolff

Rien de saillant, si ce n’est que je démissionne pour le 31 Ct 7h soir.

Du 3 septembre 1914 au 20 décembre 1916, Alfred Wolff, maître-tailleur spécialisé dans l'habillement militaire, raconte son parcours et ses journées en tant qu'agent auxiliaire de la police municipale. Affecté au commissariat du 2ème arrondissement (Cérès), il se retrouve planton-cycliste et auxiliaire au secrétariat. Il quitte Reims le 25 octobre 1914 pour Chatelaudren (Côtes du Nord), mais reprend son service à Reims le 6 novembre 1915.

Source : Archives Municipales et Communautaires de la Ville de Reims


Mardi 21 mars

Notre artillerie, dans l’Argonne, a bouleversé les tranchées allemandes près du Four-de-Paris. A la Haute-Chevauchée, un tir de destruction sur les ouvrages ennemis a provoqué un dégagement considérable de vapeurs sulfureuses provenant des réservoirs éventrés. Nous avons dispersé des rassemblements au nord du bois de Montfaucon. A l’ouest de la Meuse, les Allemands ont fait, après un intense bombardement d’obus de gros calibre, une tentative d’élargissement de leur front d’attaque. Une nouvelle division a dirigé une violente attaque accompagnée de jets de liquide enflammé, sur nos positions, entre Avocourtet Malancourt. Nos tirs de barrage et nos feux d’infanterie ont infligé à l’eilnt-milde fortes pertes. Les assaillants n’ont ~uri3gressè légèrement que dans la partie est bois de Malancourt. Bombardement violent des bois Bourrus. Nos avions ont lancé vingt-cinq obus sur la gare de Dun-sur-Meuse avec un plein résultat. Le général Cadorna est arrivé à Paris. Le chancelier allemand a subi un échec à la commission du budget du Landtag de Prusse. Il est de nouveau vivement attaqué par la presse conservatrice et nationale libérale.

Source : La Grande Guerre au jour le jour

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