Louis Guédet

Mardi 14 décembre 1915

458ème et 456ème jours de bataille et de bombardement

8h soir  Gelée, beau temps, froid, calme, quelque canon, avion. Je suis peu sorti, ayant encore mon courrier à mettre au courant. Je suis très fatigué. Demain matinée perdue aux allocations militaires. Arriverai-je à solutionner mes affaires avant mon départ dans 10 jours. Été chez les Duval retirer leurs paperasses de leur coffre-fort pour les leur envoyer. Bon débarras. Vu Ravaud, le pharmacien, qui va être mobilisé comme auxiliaire, lui aussi loin. Je vais tâcher de le faire rester ici, car les pharmaciens manquent. Mes notes commencent à me fatiguer et par leur monotonie et par ma…  lassitude…  la diminution de mes forces. Irai-je ? Écrirai-je ? Jusqu’au bout ? Je n’ai plus rien d’intéressant à dire !…  C’est la monotonie dans toute sa simplicité. Il le faut pourtant, je me le suis promis !…  Et cependant ! pas un mot d’encouragement ! pas un geste pour me dire que j’ai fait mon devoir, plus que mon devoir !…  Quand j’en vois tant d’autres sur le pavois (expression signifiant « Etre mis à l’honneur ») et qui n’ont rien fait. Cela me rendrait cependant un peu de force, un peu de courage !

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Mardi 14 – Nuit absolument tranquille. Quelques gros coups de canon vers 9 h. Visite à la Maison de Retraite ; à M. l’abbé Launay malade, à M. le Doyen de Saint-Remi.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918,éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mardi 14 décembre

Vives actions d’artillerie en Artois, au sud-ouest de Beaurain, où nous détruisons un ouvrage allemand, au nord de l’Aisne et en Champagne (butte du Mesnil).
A Saint-Mihiel, nos batteries ont endommagé l’unique pont allemand qui ait résisté à la crue de la Meuse; elles ont aussi causé des dommages à un blockhaus ennemi, sur la côte Sainte-Marie.
Notre bombardement au bois Bouchot, dans les Hauts-de-Meuse, a donné d’excellents résultats, bouleversant totalement certaines tranchées.
Nos troupes du Vardar ont poursuivi leur mouvement de repli sans être inquiétées. Les troupes anglaises ont livré un sanglant combat dans le secteur de Doiran. Elles ont perdu 1500 hommes, mais ont infligé de lourdes pertes à l’ennemi. Les Bulgares ne sont plus qu’à 8 kilomètres de la frontière hellénique. Guevgueli est en flammes.
Aux Dardanelles, notre artillerie lourde a infligé de grosses pertes aux soldats ottomans.
Les forces anglo-égyptiennes ont repoussé un parti d’Arabes à la frontière d’Égypte.
Les relations sont tendues à l’extrême entre l’Amérique et l’Autriche, et une rupture semble possible.

Source : La Grande Guerre au jour le jour