Louis Guédet

Jeudi 18 novembre 1915

432ème et 430ème jours de bataille et de bombardement

9h soir  Calme général, temps gris et froid. Finis mon rapport à l’Académie comme Trésorier pour le 9 décembre 1915 à Paris. Couru toute l’après-midi. Vu le cardinal Luçon avec Mgr Neveux chez Charles Heidsieck. Causé longuement et communiqué les 2 derniers articles dans l’Éclaireur de l’Est contre son Éminence au sujet de sa lettre pastorale sur l’incendie de la Cathédrale et de la quête qu’il fera faire dimanche pour les polonais catholiques de la Pologne russe. Reçu lettre de Mme Changeux très triste de la mort de son mari, me priant de voir à ses affaires et au testament. Toujours très occupé ma vie n’en n’est pas moins fort monotone et triste, je devrais dire lugubre.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Paul Hess

16, 17 et 18 novembre 1915. Chacun de ces jours, Le Courrier de la Champagne a ses arti­cles de chronique locale entièrement supprimés par la Censure.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

La presse
La presse

Liens : Une pétition aux Chambres contre la censure politique (1915)


Cardinal Luçon

Jeudi 18 – Nuit tranquille. Visite de M. Prudhommeaux, curé d’Alland’huy et de M. Berthaud, curé de Saint-Laurent. Visite de M. Heidsieck.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Juliette Breyer

Jeudi 18 Novembre 1915. Quatre ans depuis notre mariage. Quel jour heureux. Devant mes yeux défile toute la journée. Je te vois encore à la fin de la messe courir pour aller signer à l’autel car une coutume dit que celui qui signera le premier sera le maître. Tu étais joyeux et quelle gaieté toute la journée, quelle confiance en l’avenir nous avions ! Tu dois y penser toi même si tu es vivant. Pauvre chipette, comme tu aimais à m’appeler. Il me semble que ces quatre années ont passé si vite et je me reproche toujours de ne pas t’avoir gâté. Je comptais mon tit Lou sur une lettre venant de toi depuis les pays envahis. Mais ce qui a été dit dans les journaux, vois-tu, c’était encore pour rendre du courage.

Ton papa vieillit beaucoup. Je l’aime bien, et ton coco aussi. Si tu l’entendais quand il dit « Mon pépère Breyer ». Pauvre grand-père. Il t’aime bien aussi. Il essaye de me rendre du courage. Mais en vain …

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne


Jeudi 18 novembre

Violente canonnade en Artois, autour de Loos, Angres et Souchez.
Nos batteries ont effectué des tirs de concentration sur les bois de Fay, au sud-ouest de Péronne.
Lutte d’artillerie en Champagne (ferme Navarin, Tahure).
Nous faisons exploser deux fourneaux de mines en Argonne, en détruisant des tranchées allemandes sur une assez grande étendue.
Le calme règne sur le front belge.
Les Bulgares ont abandonné leurs attaques sur notre front de la rive gauche de la Cerna, près de Krivolak. Ils se sont repliés au nord de Cicevo, avec de fortes pertes. On calcule qu’ils ont eu en morts, blessés, prisonniers, 4000 manquants. Nos pertes sont légères. Nous avons canonné un convoi ennemi près de Rabrovo.
Les Serbes continuent à se défendre dans le massif de Babouna.
Les ministres anglais arrivés à Paris : MM. Asquith, Lloyd George, Balfour et sir Edward Grey ont tenu avec leurs collègues français deux conseils de guerre au ministère des
Affaires étrangères et à l’Élysée.

Source : La Grande Guerre au jour le jour