Louis Guédet
Dimanche 17 octobre 1915
400ème et 398ème jours de bataille et de bombardement
6h1/2 soir Du canon la nuit, brouillard le matin qui s’est un peu levé l’après-midi. Journée insignifiante, monotone, comme beaucoup d’autres qui vont suivre tout l’hiver… le printemps… Nous sommes au-dessous de tout et nos beaux galonnés ont beau dire que c’est de la faute de nos gouvernements, et eux… Messieurs de l’arrière, que faites-vous ? Vous vous amusez en vous moquant de tout et de tout !! C’est ce que je venais de dire à l’instant au capitaine (en blanc, non cité) qui s’est cogné dans moi Place Royale, assez embarrassé de me rejoindre quand je lui dis : « Que diable faites-vous ici à cette heure (6h) ???!!! » – « Je retourne à Ville-en-Tardenois ! où je suis cantonné ! » – « Pourquoi pas à Paris, lui répondis-je, pour ce que vous faites ici ! » Mon 10 étoiles est resté bouche bée ! Quand il voulut rompre les chiens (expression ancienne qui, au sens figuré, signifie « interrompre une conversation ou une discussion que l’on juge mal engagée ») en voulant me parler des événements… Ah ! non ! assez ! Je connais votre chanson, c’est la même que celle que vous me chantiez en décembre dernier, dans 2 ans d’ici ce sera la même édition. Merci.
En voilà un qui me foutera la paix cette fois. Pantin va.
Je prépare mes pauvres bagages pour mes aimés, ce que je puis emporter à la main, puisque l’autorité militaire ne nous permet pas de bagages à enregistrer à Bezannes !! Quand ce ne serait que pour embêter le civil !!!
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Nuit tranquille. Seulement quelques gros coups de canon.
Brouillard épais, froid, 7 degrés. Malade. À 10 h. soir bombes sur la ville, dont 3 au Grand Séminaire.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Dimanche 17 Octobre
Une nouvelle attaque allemande a été repoussée, en Artois, dans le « Bois-en-Hache » et dans la vallée de la Souchez.
Combats de tranchée à tranchée et canonnade au sud de la Somme (Lihons, le Quesnoy-en-Santerre).
Bombardement, par les Allemands, de notre arrière-front de Champagne avec emploi d’obus lacrymogènes. Notre artillerie riposte.
Lutte de bombes et de grenades en Argonne (La Houyette, Vauquois).
Une contre-attaque dans les Vosges nous a permis de reprendre nos positions à la cime de l’Hartmannswillerkopf et de capturer en même temps un fortin tenu par l’ennemi.
Nos avions ont bombardé la gare des Sablons, à Metz. Un train a dû s’arrêter.
Sur le front russe, les combats se poursuivent dans les régions du Pripet et de la Strypa.
Les sous-marins anglais continuent leurs opérations heureuses dans la mer Baltique.
L’Angleterre a déclaré la guerre à la Bulgarie.
Nos troupes qui ont débarqué à Salonique se mettent en posture de couvrir le chemin de fer du Vardar.
Le gouvernement italien publie de nouvelles notes officielles pour affirmer son entière solidarité avec les autres puissances alliées en Orient.
Source : la Grande Guerre au jour le jour
Merci pour ces articles, ces chroniques toujours aussi passionnantes, photos à la clé.
C’est agréable de visiter le passé via votre blog 🙂
où se trouvait le grand séminaire en 1914 ? la photo évoque l’année 1932, reorésente-t-elle le site actuel devenu Maison St Sixte ? cordiales salutations
Je n’en sais rien du tout ! il faudrait faire des recherches à Carnegie…. Merci pour votre fidélité sur notre site.
Véronique Valette